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Patriek De baets

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Message  Admin Ven 27 Nov - 20:42

Patriek De baets Debaet10
http://old.radicalparty.org/interviews/humo280999.htm

date: 28.09.99 | newspaper: Humo language:

| PATRIEK DE BAETS

MARC DUTROUX ET MICHEL NIHOUL : LE SABOTAGE DE L'ENQUÊTE Interview de Patriek De Baets (I) par Danny Ilegems et Raf Sauviller

Voici l'homme qui a été dépêché dans l'enquête de Neufchâteau sur Dutroux, pour défendre l'honneur de la gendarmerie dans un moment particulièrement peu glorieux pour celle-ci. La gendarmerie qui n'avait pas trouvé Julie et Mélissa, malgré que l'opération secrète Othello ait mené ses hommes jusqu'à la cache même des enfants. Patrick Debaets était le fleuron de la BSR; c'est l'adjudant que ses supérieurs désignaient lorsque les magistrats bruxellois devaient aborder des dossiers difficiles et parfois même dangereux : l'affaire Kirschen, le parrain criminel Carmelo Bongiorno, le Baron de Bonvoisin, la maffia italienne, la maffia russe . Mais lorsqu'en septembre 1996, Patrick De Baets fut désigné pour interroger X 1, il devint lui-même dangereux aux yeux de certains magistrats bruxellois et de ses propres patrons. Car les témoins dénommés X lui avaient raconté que Marc Dutroux ne jouait qu'un rôle subalterne dans l'affaire Dutroux et que JeanMichel Nihoul avec ses nombreuses connections bruxelloises et liégeoises en était le protagoniste principal. Nihoul : le noctambule, l'informateur de la police, le noceur, le partouzeur, avec qui on partageait la table, l'ami de certains partis, l'ami intime de certains magistrats bruxellois, officiers de police et hommes politiques. Dans le courant de l'été 1997, une manoeuvre conjuguée de la hiérarchie de la gendarmerie, de la magistrature, de la presse et du monde politique était destinée à démolir De Baets et son enquête. Tout ce qui avait eu trait aux X fut démoli par des chroniqueurs judiciaires alimentés par des policiers et des magistrats aux desseins malhonnêtes. De Baets fut éliminé de l'enquête et même limogé de la BSR. Il devint, avec quelques autres collègues, la proie de toutes sortes d'enquêtes internes et judiciaires, car il fallait absolument trouver une raison pour le mettre à l'écart. Toute sa vie et toutes ses enquêtes firent l'objet d'enquêtes approfondies. A un moment donné, on enquêta même sur son père décédé - suite à une manoeuvre de Benoît de Bonvoisin pour discréditer De Baets - et on enquêta sur le rôle de De Baets dans des faits qui avaient eu lieu avant sa naissance. Ceci montre que la magistrature travaille de façon très approfondie lorsqu'elle le veut. Mais ce travail méticuleux n'a rien donné. Aujourd'hui, plus de deux ans après, on constate qu'il va falloir blanchir De Baets de tout blâme. Sans doute peut-on le faire, maintenant que les enquêtes sur les X sont définitivement stoppées. Les événements n'ont pas été bénéfiques à la santé de De Baets, mais ils ne lui ont pas ôté le courage de combattre. Avec quelques collègues gendarmes et un avocat, il a constitué un dossier de plusieurs milliers de pages contre ceux qui l'ont "assassiné". Il va maintenant utiliser la justice contre la justice qui a voulu le démolir. Patrick De Baets estime qu'après des années de difficultés, il peut et doit parler. Humo rapporte ici son récit. C'est le plus grand réquisitoire contre la justice belge depuis des années.

Patrick De Baets: Avec mes hommes de la 3ème SRC (Section de Recherche Criminelles), en quelque sorte la section fraude de la BSR spécialisée dans les recherches financières, nous avons été dépêchés dans l'enquête Dutroux sur demande du Bureau Central de recherches. Nous devions étudier l'aspect financier de l'affaire : les avoirs et les comptes en banque de Marc Dutroux. Mais rapidement nous avons senti que certains essayaient de freiner l'affaire et de nous mettre des bâtons dans les roues. Humo: Qui étaient ces premiers saboteurs ? Patrick De Baets: Mon propre patron, le LieutenantColonel JeanMarie Brabant, commandant de la BSR de Bruxelles. Dès le premier jour, il commença à mentir aux magistrats. Le 12 août 1996, on procéda à l'arrestation de Dutroux, le 16 août à celle de Nihoul ; le même jour le Parquet de Neufchâteau, qui dirigeait l'enquête Dutroux, fit demander aux divers services de police si on connaissait Nihoul. Brabant répondit que Nihoul n'était pas connu à la BSR de Bruxelles. C'était culotté, extrêmement culotté, car ce n'était pas vrai. Nous avions déjà attrapé Nihoul quelques fois : dans le dossier d'escroquerie SOS Sahel et dans le dossier de la faillite frauduleuse du bureau d'affaires Annie Bouty et Associés, la firme de l'avocate rayée du Barreau, ex amie de Nihoul. Brabant a une bonne mémoire, c'est dire qu'il était au courant. Il devait d'autant mieux le savoir qu'il était à ce moment là Commandant remplaçant de la BSR. Humo: Pourquoi Brabant a-t-il nié que lui ou les hommes de la BSR de Bruxelles

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connaissaient Nihoul ? De Baets: Parce que Nihoul était un informateur de la BSR. Et pas n'importe quel informateur, puisqu'il était un informateur non-codé qui avait été amené par un gendarme de Dinant, décédé depuis lors, Gérard Vanesse. Deux gendarmes de la section finances de la BSR de Bruxelles entretenaient des contacts avec Nihoul : Eddy Verhaeghen et Bernard Meurant. Ils l'utilisaient comme informateur potentiel dans un trafic de cartes téléphoniques et de téléphones portatifs. Nihoul avait aussi été informateur dans l'affaire Walsh, qui fut éclaircie par la section drogues de la BSR de Bruxelles. Il s'agissait d'un trafic de dix kilos d'amphétamines dans lequel un certain Walsh, Anglais de passage à Bruxelles, était impliqué. Les amphétamines avaient été saisies, mais plus tard il apparut que Walsh avait aussi en sa possession cinq mille pilules d'extasy. Ces pilules n'ont "officiellement" jamais été retrouvées. Mais elles auraient été cachées dans un pneu chez Annie Bouty, et elle apparurent plus tard chez Michel Lelièvre, le complice de Dutroux. Ces pilules ont-elles d'abord servi à la gendarmerie pour payer les bons services de l'informateur Nihoul dans cette affaire ? Et les enlèvements d'enfants - certains enlèvements du moins - n'ont-ils pas été payés ensuite avec ces pilules d'extasy ? Humo: Votre enquête concernant les finances de Dutroux est-elle terminée ? De Baets: En partie. Mais je ne sais pas ce qu'il en est finalement advenu. Nous avons rapidement constaté qu'après un enlèvement, de l'argent arrivait souvent chez Dutroux. L'homme ne pouvait jamais nous donner d'explication sérieuse quant à sa provenance. Mais trouver des preuves établissant des liens directs entre les enlèvements et les payements était une autre paire de manches. Dutroux, en outre, jouait avec son argent et avec ses comptes. Il investissait souvent chez l'agent de change Riga à Charleroi. Un membre connu de cette famille, Pierre Riga, a tué par balle un jeune homme parce que celui-ci se promenait avec quelques amis sur sa propriété. Cela s'est passé il y a quelques mois dans le Brabant Wallon. Il a été relâché aussitôt. Humo: En dehors de Brabant, y avait-il encore d'autres gendarmes qui avaient eu à faire à Nihoul et Bouty ? De Baets: Absolument. Le Commandant de District bruxellois Guido Torrez. Mais je ne l'ai appris que plus tard, parce que le Président de la Commission Marc Verwilghen l'a révélé. Torrez est intervenu dans le temps en faveur du criminel portugais, Juan Borges, impliqué dans le trafic d'armes, de drogue et le vol d'oeuvres d'art, qui était client de Michel Nihoul et d'Annie Bouty. La brigade de gendarmerie de Schaerbeek avait commencé à enquêter sur ses activités. Bouty et Nihoul en ont eu vent et se sont mêlés de l'affaire. Soudainement, Torrès a paralysé le dossier pendant plus d'un mois. Humo: C'est dire que les relations entre Michel Nihoul et la Gendarmerie de Bruxelles étaient malsaines. Ne voulait-on pas, à Bruxelles, que cette affaire soit étouffée ? De Baets: Certainement car Eddy Suys, chef de la Police Judiciaire (PJ), initialement chef de la cellulle Obélix, en voulant examiner de plus près le personnage de Nihoul, avait appris que Nihoul avait des contacts avec les agents bruxellois Verhaeghen et Meurant et téléphonait régulièrement à la BSR de Bruxelles. Le Lieutenant-Colonel Brabant voulait empêcher que cela se sache. Il avait peur que l'on mette ses agents en cause. Brabant me considérait comme un danger. Je ne suis pas le genre d'homme qui est paralysé lorsqu'un collègue policier veut effectuer une perquisition à la BSR. Je ne suis pas tellement protectionniste. Je trouve que chacun doit prendre ses responsabilités. Et moi, je n'avais rien à voir avec Nihoul. Brabant fit croire au Procureur Bourlet qu'à Bruxelles nous avions beaucoup d'autres tâches qui nous attendaient. C'était stupide, il n'y avait pas d'autres dossiers aussi importants que celui de l'affaire Dutroux. Mais ces mensonges avaient aussi été distillés aux copains journalistes de "La Dernière Heure" et du "Soir Illustré" qui les utilisèrent lors de leurs premières attaques contre Neufchâteau et contre l'enquête sur Dutroux et Nihoul en racontant : "C'est honteux Bourlet reçoit 350 enquêteurs, et les dossiers concernant les fraudes de milliards de francs de KB-Lux sont laissés en friche !" Ce fut surtout le Juge d'Instruction Jean-Claude Van Espen qui s'allia immédiatement avec Brabant. Ses dossiers financiers ne progressaient soi disant plus parce que tous les enquêteurs travaillaient pour Neufchâteau. Mensonge ! A ce moment-là, aucun des enquêteurs de la KB-Lux n'avait été envoyé à Neufchâteau. Et ma section, la 3ème SRC, ne travaillait pas non plus à une affaire urgente. Je me demande d'ailleurs toujours à quels dossiers urgents Van Espen faisait allusion. C'est comme s'il avait la prémonition que nous allions toucher à des dossiers auxquels il avait travaillé auparavant.

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Van Espen savait parfaitement qui était Annie Bouty. Il avait été son avocat. Et son ex beau-frère, l'avocat Philippe Deleuze, avait été l'un des partenaires dans le cabinet d'avocats de Bouty. Van Espen faisait partie du réseau d'amis que Nihoul et Bouty avaient tissé dans le milieu de la politique, de la magistrature et de la police afin de camoufler leurs activités criminelles. Humo: Le genre de choses qu'un Juge d'instruction préfère ne pas voir apparaître dans les journaux. De Baets: En effet. Van Espen fut très vite mis au courant que nous étions intéressés par les X et que nous nous intéressions particulièrement au dossier de "la Champignonnière" concernant la mort atroce de Christine van Hees, qui avait eu lieu en 1984 dans une champignonnière désaffectée de Bruxelles. Pendant douze ans, Van Espen avait été Juge d'Instruction dans cette affaire, et il n'y avait pas fait grandchose. Fin octobre, début novembre 1996, Van Espen avait appris que nous nous penchions à nouveau sur son affaire criminelle non élucidée. Ce fut après que le Magistrat National de l'époque, Patrick Duynslagher, - et non moi même ou la 3ème SRC - eût rapproché certaines déclarations de X1 avec cette affaire. Van Espen connaissait d'emblée les noms que Regina Louf désignait comme celui des coupables : Michel Nihoul et Annie Bouty. Lorsque ces deux personnages apparurent, il est évident que Van Espen, pour des raisons déontologiques, aurait dû se retirer de l'affaire. Allons donc, sa propre soeur était la marraine de Jean-Michel junior, fils de Nihoul et de Bouty ! Nonobstant, Van Espen se laissa renommer juge d'instruction lors de la réouverture officielle du dossier de la "Champignonnière". Auparavant, il avait déjà eu des contacts avec ces mêmes individus lorsqu'il avait supervisé la faillite de la firme Annie Bouty et Associés. Van Espen avait aussi à l'origine été juge d'instruction dans l'affaire SOS Sahel. Mais il s'était tout de même laissé décharger en faveur du Procureur actuel de Bruxelles Benoît Dejemeppe, qui était encore Juge d'Instruction à l'époque. Van Espen, Nihoul, Bouty, cela ressemble presque à une affaire de famille, n'est-ce-pas ? Humo: A vous entendre, Nihoul connaissait la moitié du Palais de Justice de Bruxelles. De Baets: C'est la raison pour laquelle je me suis posé des questions lorsque j'ai été éjecté de l'enquête de Neufchâteau, parce qu'une des raisons de ce licenciement était une lettre remplie de remarques inconsistantes que Van Espen avait envoyées à la hiérarchie de la Gendarmerie. Humo: Comment êtes-vous entré en contact avec les X ? De Baets: Très rapidement. Deux mois avant que n'éclate l'affaire Dutroux, en juin-juillet 96, une certaine Nathalie W. s'était présentée à la BSR de Bruxelles et avait fait des récits au sujet de réseaux et de viols d'enfants organisés. Le 5 septembre 1996, une certaine Tania Van Acker de Gand téléphonait : une de ses amies voulait faire des déclarations au sujet de réseaux. C'était Regina Louf, X1. Humo: Qui reçut cette communication téléphonique ? De Baets: Le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte de Neufchâteau. Je me trouvais par hasard dans son bureau et lorsque Van Acker commença à expliquer où elle habitait, Connerotte me demanda : " Vous n'êtes pas de la région de Gand, par hasard?" Je répondis "Oui" et Connerotte me passa Tania Van Acker au téléphone. Je notai sa déclaration et la passai à Connerotte. A première vue, le récit ne semblait avoir à faire avec Nihoul. Ce qui concernait Nihoul allait automatiquement à la Cellule Obélix de Eddy Suys. Cela n'est pas pour nous, dis-je encore à Connerotte. Humo: On vous a reproché par la suite d'avoir sauté sur ces X et que d'une certaine façon, vous aviez arraché l'appareil des mains de Connerotte. Ou même, que vous n'étiez pas là par hasard ; que vous aviez organisé d'avance ce coup de fil destiné à Connerotte avec Tania Van Acker et Regina Louf. De Baets: Cela n'est pas exact. C'était le jour de mon anniversaire : le 7 septembre 1996. La nuit précédente, Bouty avait été arrêtée et elle avait fait une série de déclarations. J'étais moi-même arrivé à Neufchâteau avec un procès-verbal de Georges Marnette de la Police Judiciaire (PJ) de Bruxelles, où celui-ci constatait qu'un homme apparaissant de façon plus ou moins visible sur les cassettes vidéo de Jean-Paul Raemaeckers, aurait pu être Dutroux. L'homme avait une moustache, des cheveux foncés et avait nettement plus de vingt ans; nous savions aussi que les cassettes avaient au moins vingt ans. Il était donc impossible que ce soit Dutroux. Certains de mes hommes connaissaient Raemaeckers, ils avaient travaillé dans

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cette affaire. L'homme avait été condamné à la réclusion perpétuelle pour faits de pédophilie. Mes hommes avaient eu un contact passablement bon avec Raemaeckers, et sur base de ses déclarations, ils avaient ouvert deux ou trois dossiers contre inconnu au Parquet de Bruxelles. Dans son PV, Marnette écrivait que Raemaeckers était un pédophile qui avait travaillé dans un réseau de pourvoyeurs d'enfants, mais que la BSR avait peu travaillé ce sujet. C'était un mensonge écoeurant. Il y avait depuis un an et demi des dossiers sur Raemaeckers chez "la magistrate de confiance", Paule Somers. Mais nul à Bruxelles, et certainement pas Paule Somers, n'y avait touché. La raison pour laquelle je m'étais rendu à Neufchâteau était que je voulais parler avec Connerotte au sujet de ce PV de Marnette et lui dire que des gendarmes avaient bien ouvert des dossiers. Je lui apportais même les numéros des notes des affaires dont ils n'avaient rien fait à Bruxelles. C'est pour cette raison que ces dossiers ont été déménagés à Neufchâteau. A ce moment-là, je ne pensais pas: "Tiens, pourquoi Somers n'a-t-elle rien fait pendant tant de temps dans ces dossiers ?" Je pensais : "Mon Dieu, tout le monde a tellement de travail." La seule chose que je prévoyais, était que Georges Marnette, dont je connaissais depuis longtemps la réputation, allait de nouveau jouer un sale jeu. Humo: Marnette faisait-il cela en étroite collaboration avec de hauts magistrats de Bruxelles ? De Baets: J'ai tout compris après le 15 novembre 96, lorsqu'on décida des fameuses perquisitions dans le "dossier secret" au sujet du Ministre et ex-Premier Ministre de l'époque, Elio di Rupo. C'est alors que tombèrent les masques de Marnette, de son bras droit à la PJ Grégory Antipine, de la " magistrate de confiance" Paule Somers, et du Procureur du Roi Benoît Dejemeppe Humo: L'affaire Di Rupo était-elle coup fourré, une machination de Marnette et Cie afin de dévier l'attention du noeud du problème : l'enquête sur les réseaux de Nihoul et Dutroux ? De Baets: Comment avons-nous atterri dans cette affaire ? Le vendredi 15 novembre je reçu un coup de téléphone de la Juge d'Instruction bruxelloise Anne Gruwez. Elle me dit : "J'ai à traiter une affaire délicate. Deux perquisitions devraient avoir lieu, parce que demain, dans la presse, des articles vont paraître concernant des actes de pédophilie de personnages très importants". Gruwez était désignée dans le dossier par la substitute Paule Somers - encore elle. Et Somers était elle-même désignée sur l'affaire par le procureur-général Bruxellois André Van Oudenhove, qui avait le fameux "dossier secret" Di Rupo. Les perquisitions devaient avoir lieu chez deux homos bruxellois qui étaient soupçonnés d'avoir des relations sexuelles avec des mineurs d'âge et possédaient des vidéos de pédophilie. Les perquisitions avaient déjà été ordonnées depuis un mois et demi. Etrange : pendant un mois et demi, le parquet ne fait rien dans cette affaire, et brusquement cela ne pouvait pas aller assez vite. J'ai dit au juge d'instruction Gruwez : "Je suis désolé, mais je suis officiellement en vacances." "Alors, il va falloir que j'appelle votre chef, le lieutenant-colonel Brabant" a répondu Gruwez. Par après, Brabant m'a obligé à venir à Bruxelles pour cette affaire. Bien. Alors que j'étais en route, je téléphone à mon équipe : j'envoie déjà deux hommes en éclaireurs chez Gruwez pour aller chercher les mandats de perquisition, Philippe Hupez et Patrick Charles. Hupez jette un coup d'oeil au dossier de Gruwez - mon dieu, il contenait un malheureux PV d'une vingtaine de lignes - et dit : "Ceci n'est pas une affaire pour nous. Les perquisitions ont été demandées par la PJ de Bruxelles, la PJ n'a qu'à y procéder." Anne Gruwez répond : "En fait, vous avez raison, mais Madame Somers a dit qu'il valait mieux donner ordre à la BSR." Elle était pressée par le temps : il était déjà six heures, et après neuf heures on ne peut plus opérer de perquisition. Elle fourra les deux mandats dans les mains de Hupez, et celle-ci n'avait qu'à se débrouiller. Quand je suis arrivé vers six heures et demie au bureau, il y avait là aussi un PV du major Daniel De Craene, du BCR. Il y était mentionné qu'il était en possession de documents indiquant qu'on allait parler de certains politiciens le lendemain dans la presse, plus particulièrement dans l'édition du samedi de "Het Nieuwsblad". Je vais avoir l'air bête, mais je ne faisais toujours pas le lien avec les perquisitions que nous devions opérer chez deux homosexuels totalement inconnus. Nous avons finalement saisi 120 vidéos à caractère sexuel chez ces gars. Nous devions naturellement toutes les visionner pour voir s'il ne s'y trouvait pas des enfants ou des personnes manifestement très jeunes. Nous n'avons rien découvert de punissable. Au cours de leurs auditions, ces messieurs ont en effet déclaré

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qu'ils avaient bien rencontré JeanPierre Grafé et Elio Di Rupo dans le milieu homo bruxellois. Oui, et alors ? Ce n'est pas interdit, non ? Pour moi l'affaire était terminée. Jusqu'à ce que nous allumions la radio le lendemain à cinq heures. Crac : "D'après le journal "Het Nieuwsblad", une enquête serait en cours au sujet des ministres Grafé et Di Rupo, qui auraient eu des relations avec des mineurs." Tout de suite après cela, on a voulu faire croire, via des manipulations de la presse, que nos perquisitions avaient eu lieu dans le cadre du dossier Di Rupo, et que c'est moi qui avais fait le lien avec Di Rupo. Alors que cela n'avait strictement rien à voir. Et c'est aussi très facile à démontrer : notre dossier, numéro 218/98 du juge d'instruction Gruwez, n'est jamais allé à la Cour de Cassation quand cette Cour, à la demande du parlement, a pris cette enquête en main. Les noms de Di Rupo et de Grafé apparaissent dans notre dossier parce qu'ils ont été cités par les deux gars, c'est tout. * De Baets était clairement tombé dans un piège, tendu par les PJistes Marnette et Antipine. Le "dossier secret" contre Di Rupo était aussi monté par Marnette et Antipine ; ils avaient rassemblé des ragots et des déclarations obtenues sous pression dans le milieu gay bruxellois et les avaient gonflés en affaire de pédophilie. Pour Marnette, Di Rupo était le levier idéal pour faire dérailler l'enquête de Neufchâteau : un gay socialiste d'origine italienne, avec de jeunes amants, on ne pouvait trouver mieux. Des parties du "dossier secret" ont "fui" vers "Het Nieuwsblad." Après cela, il suffisait d'impliquer De Baets et son équipe dans cette affaire et de leur en faire porter la culpabilité. On accusa ces deux homos inconnus de comportement pédophile, et on les rattacha vaguement à l'affaire Di Rupo. Antipine demanda ensuite d'organiser des perquisitions chez ces gays, et quand elles eurent lieu il refusa d'y participer. Humo: Antipine voulait que vous fassiez ces perquisitions, de manière à ce que par après on ait l'impression que c'est vous qui courriez après Di Rupo. Avez-vous su immédiatement que c'était un traquenard ? De Baets: Non, pas tout de suite, mais j'avais la puce à l'oreille, surtout quand les manigances de Marnette au sujet d'Olivier Trugsnach sont apparues en plein jour. Humo: C'est le deuxième volet de l'affaire Di Rupo. Marnette connaissait Trusgnach. Son nom était apparu dans les renseignements qu'Antipine avait rassemblés dans le milieu homo bruxellois. De Baets: En effet. L'affaire Trusgnach était aussi une machination de Marnette. Qui était Olivier Trusgnach ? Un demi-fou, d'accord, mais aussi l'ex-petit ami du chef coq Roger Souverijns, le chef et propriétaire de l'hôtel-restaurant limbourgeois Scholteshof. Trusgnach y avait volé, dans le courant de 1996, l'une et l'autre chose et s'était ensuite enfui vers Londres. Souverijns a déposé plainte à ce sujet auprès de Christian De Vroom, à l'époque commissaire général de la PJ. Humo: Qui allait régulièrement manger au Scholteshof aux frais du lobbyiste Koen Blijweert. De Baets: Et que fit De Vroom pour faire plaisir aux amis de ses amis ? Il mit sa 23ème brigade, le service chargé de lutter contre la grande criminalité, sur ce petit vol minable au fin fond du Limbourg. De Vroom a même ordonné des observations sur Trusgnach à Londres. Trusgnach fut finalement arrêté à Hasselt. Comment ? Simple : parce que sa mère, qui avait appris qu'il était recherché, l'a conduit à la gendarmerie. Marnette a immédiatement été informé de cette arrestation par un collègue de la PJ de Hasselt. Marnette savait par un informateur homo bruxellois que Trusgnach connaissait Di Rupo. Naturellement, dans ce milieu marginal tout le monde connaît tout le monde. Et quand des flics comme Marnette passent par là, ces garçons se défendent en sortant les noms de Grafé et Di Rupo. C'était aussi dans l'air du temps à l'époque: menacer par des soupçons de pédophilie, menacer de faire parler de quelqu'un dans la presse, peut être un mode de défense très efficace. Marnette n'avait toujours trouvé personne qui voulait accuser Di Rupo de quelque chose de sérieux, Trusgnach représentait la solution à ce problème. Et donc Marnette est parti à Hasselt avec son équipe, où ils ont encerclé le palais de justice local. Marnette pensait : il s'agit d'un simple vol, donc ils vont libérer Trusgnach rapidement, alors nous l'attraperons, nous l'auditionnerons, et nous lui ferons dire ce que nous voulons: que Di Rupo est un pédophile. Voilà en quoi consistait le plan. Mais contre toute attente, la justice d'Hasselt incarcéra Trusgnach, après qu'il eût reconnu les vols au Scholteshof auprès de la gendarmerie. Par conséquent, Marnette et Antipine devaient se rendre en prison pour parler avec Trusgnach. Cela sembla marcher encore mieux : ils pouvaient ainsi lui

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promettre qu'il serait libéré s'il mettait Di Rupo en cause. Voilà. C'est alors que Trusgnach commença à confesser ses aventures avec Di Rupo, et après chaque visite de la PJ il diminuait son âge, jusqu'à ce qu'il soit suffisamment mineur au goût de Marnette et Co. C'est alors que la bombe explosa. Et ce fut une catastrophe épouvantable. Je pense que c'était le but. Humo: S'agissait-il simplement du fait que Marnette voulait bousiller l'enquête de Neufchâteau pour servir ses amis noctambules bruxellois ou bien pensez-vous que cela cache autre chose ? De Baets: A mon avis, il y avait un plan plus élevé. La population devait recevoir le message : il existe une chasse aux sorcières dans ce pays ; l'enquête déraille ; ils ont perdu la tête à Neufchâteau. Arrêtons de courir après Nihoul. Le signal envoyé aux hommes politiques était encore plus important: "Vous êtes de nouveau les coupables ! Attraper des politiciens, casser des gens haut placés, voilà le hobby des types comme De Baets. Donc, resserrez vite les rangs." (Il rit). Des types comme De Baets ! Je ne savais même pas que Di Rupo était gay Et pourquoi nous a-t-on mêlés à de cette stupide enquête sur Di Rupo ? Parce que nous étions occupés à la fameuse enquête des X. En nous ôtant, à mon équipe et moi, notre crédibilité par le biais de l'affaire Di Rupo, on voulait en réalité rendre les témoignages des X inoffensifs. On pouvait alors les démolir en les considérant comme des petites histoires qu'on ne peut faire croire qu'à un clown comme De Baets, vous vous souvenez, ce fanatique qui poursuivait Di Rupo. Humo: Marnette a-t-il été aidé dans ses tentatives de déstabilisation par des membres du parquet de Bruxelles ? De Baets: Certains magistrats n'étaient pas fâchés en tous cas, car de cette manière Marnette prenait le monde politique en otages. Prenons encore une fois le juge d'instruction Van Espen : il était dans ses petits souliers, parce que Nihoul l'avait désigné auprès de membres de la 23ème brigade comme quelqu'un qui était toujours prêt à les protéger, lui et ses amis, s'ils étaient menacés de problèmes judiciaires. Van Espen n'avait pas pu mener l'affaire de la champignonnière à bonne fin. Oui, avec le parquet, il avait maintenu en préventive, pendant 36 mois, un punk innocent, avec comme conséquence que l'Etat belge fut encore une fois jugée par la Cour des Droits de l'Homme de Strasbourg et dut payer des millions de dommages et intérêts. Van Espen clôtura le dossier en 1996 par un non-lieu. Il le fit savoir par courrier aux parents de Christine Van Hees : "Je vous informe que le dossier de votre fille Claudine Van Hees est clos." Après treize ans d'enquête, la justice belge se trompait encore sur le nom de la victime ! Et brusquement, Regina Louf désignait des personnes qui ne connaissaient que trop bien le juge Van Espen. Cela pouvait le compromettre gravement. Donc, Van Espen avait lui aussi tout intérêt à ce que nous soyons discrédités dans le dossier Di Rupo. Humo: Di Rupo et Grafé étaient-ils vraiment blancs comme neige ? Ils ont quand même fort bien tiré parti de toute cette affaire. Di Rupo, un des grands parrains du Parti Socialiste, en sortit comme le pauvre bouc émissaire qui avait été harcelé par toutes sortes d'homophobes. Et Jean-Pierre Grafé, envers qui les soupçons étaient assez graves, fut blanchi du même coup. Et maintenant on ne peut strictement plus dire un mot au sujet de ces messieurs. De Baets: Question difficile. Quand Connerotte, dans les derniers jours de son mandat, ouvrit sa fameuse ligne verte, on entendit en effet des déclarations embarrassantes au sujet de Di Rupo et Grafé. Mais cela ne suffisait pas. Il devait encore s'agir de faits punissables, et il fallait respecter les procédures. Et dans cette affaire, on ne s'est aucunement préoccupé de cela. Un exemple. Un témoin précis évoqua des faits qui avaient eu lieu dans un appartement de Grafé. Il possédait un plan de l'appartement, mais il l'avait oublié à la maison. En fait, nous ne pouvions pas aller chercher ce plan, parce que cela constituait un devoir d'enquête au sujet d'un ministre dont l'immunité n'était pas levée. Mais quand mon collègue Aimé Bille soumit l'affaire au procureur Dejemeppe, celui-ci déclara : "Pas de problème, allez chercher ce plan, vous en avez le droit." Bille me téléphona immédiatement à ce sujet, et je lui dis "Ne le fais pas, tu ne peux prendre aucune information sur un ministre, tu as uniquement le droit d'acter ce qui se dit, et tu dois ensuite transmettre au parquet. Et le parquet doit informer le parquet général." Humo: Dejemeppe a-t-il aussi cherché à vous enfoncer ? De Baets: Quand Bille a déclaré: "De Baets dit que je dois au moins recevoir un ordre écrit" - c'est ce que j'avais dit pour couvrir Bille - Dejemeppe a répondu :"Bien, allez chercher cet ordre chez Mme Somers." Paule Somers a alors rédigé cet ordre, et Bille est allé chercher le plan de l'appartement de Grafé à Namur. A mon avis, c'était un acte d'instruction illégal, ordonné par le numéro un du parquet

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de Bruxelles. C'est évident qu'ils ont voulu nous brûler. Humo: Nous avons eu en main une note du 28 mars 1997, signé par le procureur Dejemeppe. Mission : poursuivre discrètement une enquête sur le vice-premier Di Rupo. C'est écrit en toutes lettres. Des mois après que la Cour de Cassation et le parlement aient blanchi Di Rupo, Dejemeppe a donc encore essayé de vous faire travailler sur Di Rupo, alors que comme procureur il ne pouvait pas vous l'imposer. De Baets: J'ai évoqué cette affaire par la suite avec Dejemeppe. Il prétendait qu'il avait tout passé en revue avec le procureur général de Cassation Liekendael. Elle l'aurait autorisé à mener une telle enquête "discrètement". Liekendael venait de prendre sa pension. Je dis en riant à Dejemeppe "Oui, oui, mais Liekendael est retraitée, et ce n'est pas elle qui a signé le papier." Il tira une drôle de tête et l'entretien était clos. Humo: Etiez-vous inquiet immédiatement après que l'affaire Di Rupo ait éclaté ? De Baets: Au début, je ne voyais pas les liens, et je ne voulais pas me laisser tromper. Mais en fait, à partir de là les campagnes de diffamation n'ont plus arrêté. On à ouvert une enquête sur les fuites dans la presse. Le Comité Supérieur de Contrôle, qui existait encore à l'époque, entreprit une enquête sur un viol de secret professionnel contre inconnu. Le ministre de l'Intérieur chargea le Comité P., qui surveille les services de police, d'une enquête. Nous avions soi-disant travaillé dans l'affaire Di Rupo, donc nous devions aller témoigner partout. On courrait d'une réunion à une autre, il fallait éteindre des incendies partout, on avait l'impression que tout le monde nous observait, une partie de la presse était entrée en guerre contre nous... Nous avions de moins en moins de temps pour faire notre travail convenablement. Encore une fois : je pense que c'était cela, le but. Humo: Conclusion: De Baets était occupé avec X1, et cela ne plaisait pas à certaines personnes. Ils veillaient donc à ce que tout le monde ait peur de De Baets, à ce que De Baets soit dépeint comme celui qui n'aime rien mieux que de jeter des bombes sur les politiques et la magistrature. De Baets: Ils ont voulu nous brûler. C'est, après coup, la seule explication possible. Tous ceux qui étaient étroitement impliqués dans cette affaire savaient que je n'avais rien à y voir, mais personne n'a rien dit quand j'ai été injustement accusé. On voulait casser mon enquête. C'est tout. (à suivre)

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Patriek De baets Empty Re: Patriek De baets

Message  Admin Ven 27 Nov - 20:43

9-11-2009 10:46

http://old.radicalparty.org/interviews/humo051199.htm
05.10.99 (note ruf : op internet staat 05.11.99 ...dat is fout ) HUMO

MARC DUTROUX ET MICHEL NIHOUL : LE SABOTAGE DE L'ENQUÊTE (II) Interview de Patriek De Baets par Danny Ilegems et Raf Sauviller Dans Humo, la semaine dernière, l'adjudant de gendarmerie Patrick De Baets, l'homme qui dans l'affaire Dutroux mena des enquêtes sur les témoins X, racontait comment on avait rapidement tenté de le compromettre par le biais de machinations comme l'affaire Di Rupo. Pourquoi ? Parce qu'on voulait détruire ses enquêtes sur les X. Cette semaine, vous pourrez lire comment une coalition de bonzes de la gendarmerie et de magistrats bruxellois donnent un coup de poignard après l'autre, et comment de Baets, à un moment donné est même soupçonné de faits datant d'avant sa naissance. Humo: Alors qu'on tentait de souiller votre nom avec, entre autres, l'affaire Di Rupo, les témoins X déclaraient des choses incroyables. De Baets: Oui. Bien que Je n'en suis à nouveau pas tombé à la renverse. En tant que gendarme, j'avais déjà vu et entendu auparavant des choses qui défient l'imagination. J'ai travaillé sur les "Ballets roses", hein. J'y ai appris que ce que des personnes normales tiennent pour impossible, ce qu'ils considèrent comme impensable ou même inimaginable, existe et se produit bel et bien. Dans la fin des années 80, j'ai vu des photos du dossier judiciaire au sujet d'affaires de pédophilie retentissante autour du CRIES. Des photos de faits innommables, atroces, avec des enfants et même avec des bébés. En 1995, j'ai vu des photos que le pédophile Jean-Paul Ramaekers avait faites de lui-même. Répugnant ! Il frappait très violemment une enfant de six ans à coups de poings dans le visage, et pendant que le sang s'écoulait du nez et de la bouche de la victime, il la violait. Quand la scène fut terminée, il rebobina le film, le visionna et dit sans sourciller : "L'image n'est pas bonne, on recommence." Je n'oublierai jamais les pleurs et les hurlements de cet enfant. Les X racontaient en effet des histoires terrifiantes. Au début, quand nous en parlions entre nous, certains magistrats disaient évidemment "Est-ce possible ? Est-ce bien vrai ?" Mais à Neufchâteau, on avait la bonne attitude à ce sujet. Ils se disaient "On verra bien, ce n'est pas à nous à dire d'emblée si une chose peut être vraie ou fausse, à croire ou non. Nous interrogeons, enquêtons et vérifions. Si nous pouvons démontrer 5 % de tout ce qu'affirment ces filles, ce sera déjà très fort. En fait, c'est le procureur Bourlet de Neufchâteau qui, le premier, mit la pression. En décembre 1996, il voulait déjà procéder à des interventions perquisitions, interrogatoires, arrestations éventuelles sur base des déclarations des X. Nous avons empêché cela. Nous n'étions pas encore prêts, nous étions encore en plein dans les vérifications, le contrôle des dépositions. Humo: Qu'ont apporté ces contrôles ? De Baets: Assez bien d'éléments. Prenez Regina Louf, X1. Tout le monde a oublié que ses parents ont finalement reconnu qu'ils avaient donné leur fille en cadeau à l'homme que

Regina appelait son souteneur : Tony V. Les parents ont admis que Tony V. avait une relation sexuelle avec leur fille, qu'il possédait une clef de la maison, qu'il allait et venait comme il le voulait, qu'il allait chercher Regina et la ramenait quand bon lui semblait. Et Tony V. a reconnu qu'il a, à son tour, prêté Regina. Suite à son livre "Silence, on tue des enfants", les parents et le cousin de Regina ont déposé plainte contre elle. Entre temps, sa mère est décédée. Savez-vous que le père Louf vient de proposer à Regina de faire porter tous les torts sur sa mère décédée et de le blanchir lui totalement ? Je trouve cela tout à fait incroyable. Humo: D'accord, mais cela signifie-t-il aussi que les histoires les plus hallucinantes de Regina Louf - les viols organisés d'enfants et les séances de meurtre répugnantes - sont vraies ? De Baets: Pour moi, Regina Louf reste un témoin crédible. Les événements qu'elle a relatés ne s'inventent pas comme cela. Mais ils ne peuvent jamais " coller " jusque dans le moindre détail, parce que des gens comme Regina disposent pour seul instrument de leur mémoire. Et je ne parle pas des traumatismes, des mécanismes d'occultation et de l'angoisse qui y est imbriquée. Il s'agit d'aller jusqu'au bout dans une telle enquête. Pour ce faire, il faut des moyens et surtout beaucoup de temps. Il faut reconstruire la vérité morceau par morceau, à grande de peine et avec beaucoup de difficultés. Ensemble, avec le témoin. Cela ne se fait pas en gueulant déjà après un seul interrogatoire que c'est une cinglée. A cela s'ajoute que dans une enquête judiciaire, il ne faut pas seulement consigner l'histoire sur papier, il faut aussi l'étayer par des preuves. L'enquête sur les X était délicate, mais elle n'était quand même pas révolutionnaire, hein. Travailler avec un témoin X n'est pas - du point de vue de la technique d'enquête - fondamentalement différent du travail que l'on fait avec un informateur dans une affaire de drogues. On ne prend pas non plus au pied de la lettre tout ce que dit un informateur normal. L'information qu'il apporte doit être examinée et vérifiée jusqu'à ce qu'on puisse ou non apporter des preuves. Humo: Vous avez travaillé pendant pratiquement 6 mois avec Regina Louf. Avez vous pu, au cours de cette période, contrôler suffisamment ses déclarations pour être encore persuadé qu'elle a dit la vérité ? De Baets: Je dois d'abord vous expliquer quelque chose au sujet de la méthode d'enquête que nous avons utilisée. Nous avions deux équipes : l'une, à laquelle j'appartenais, qui entendait Regina, et une équipe dite d'enquête, qui vérifiait ses dire sur le terrain. Les deux équipes s'échangeaient des fiches de travail. L'équipe d'enquête faisait savoir, par exemple, qu'il lui fallait plus de détails sur l'un ou l'autre lieu dont Regina Louf avait parlé. Nous travaillions là-dessus lors de l'interrogatoire suivant. Il y a des détails que Regina Louf n'a pu révéler que parce qu'elle dit est vrai, parce qu'elle y était. L'exemple le plus connu est celui de la mort de Christine Van Hees en 1984, à Bruxelles. Notre équipe d'enquête est allée avec le témoignage de Regina Louf chez le fils de l'ancien propriétaire de l'immeuble où les faits se sont passés. Ce monsieur est ingénieur civil. Depuis les événements, l'immeuble a été démoli. Vous devez savoir que la maison, ainsi que la cave où a été retrouvé le corps de Christine Van Hees n'ont jamais été décrites dans la procédure judiciaire, ni dans la presse de l'époque. Malgré cela, notre équipe d'enquête trouva neuf points de correspondance entre les déclarations de Regina Louf et la description des lieux faite par le fils de l'ex-propriétaire. Cet homme semble a dit clairement :"Tout est exact. Cette fille a dû venir ici." Détail piquant: cet homme attendait

d'être entendu depuis treize ans. La justice n'avait jamais fait appel à lui. Je ne prétends pas que ceci constitue la preuve ultime et définitive que Regina Louf s'y trouvait au moment du meurtre de Christine Van Hees. Mais pour quelle raison y aurait-elle échoué autrement ? Regina était âgée de 14-15 ans. Comment serait-elle arrivée seule depuis Gand dans cette champignonnière abandonnée, et que serait-elle allée y faire ? Voilà des éléments qui m'ont amené à penser que Regina n'est pas une fabulatrice. Humo: Comment se fait-il que d'autres, y compris des gendarmes de votre propre équipe, aient une toute autre opinion à ce sujet? De Baets: Au début j'interrogeais Regina avec mon collègue Philippe Hupez. Cela se passait parfaitement, mais à un moment donné, Hupez choisit de retourner à ces dossiers financiers, afin que ceux-ci ne traînent pas. Danny De Pauw vint le remplacer. Je lui ai recommandé de potasser d'abord la littérature sur le sujet. Quand vous interrogez quelqu'un comme Regina, vous devez savoir comment aborder une victime de violence sexuelle, comment sont ces personnes et comment elles réagissent. De Pauw ne l'a pas fait, et il a totalement flippé à cause de ce qu'il entendait. Il a dit, dans un réflexe très humain : "Ceci n'est et ne peut pas être vrai". Humo: Il s'agissait aussi de faits dont on peut s'imaginer qu'ils dépassent un simple gendarme. De Baets: D'accord, mais De Pauw est universitaire. D'un homme comme lui, on s'attend à ce qu'il se mette à étudier quand il reçoit de la matière nouvelle, délicate à appréhender. On ne laisse pas commencer une enquête financière par quelqu'un qui ne sait pas ce que sont les paradis fiscaux et comment ils fonctionnent. J'ai dû tout apprendre, moi aussi. Mais De Pauw en disant d'emblée: "tout est bullshit", cédait à la facilité. Humo: Ceux qui vous critiquent ont dit à peu près la même chose à votre sujet " De Baets est un spécialiste incontesté en enquêtes financières, mais dans le magasin de porcelaine de la délinquance sexuelle, il a agi comme un gros éléphant. " De Baets: Dans notre profession, nous avons en réalité constamment à faire à des victimes.. Que ce soit les victimes d'un accident de la route, d'un vol, d'une attaque ou d'un abus sexuel, quand vous devez mener l'enquête, vous devez toujours tenter de vous mettre à la place de la victime. Et si vous voulez, à travers la victime, arriver aux auteurs, si vous voulez obtenir la plus grande collaboration possible de la victime, vous devez vous rendre sympathique aux yeux de cette victime. Il vous faut alors en premier lieu la reconnaître en prenant au sérieux ses déclarations. En littérature professionnelle cela s'appelle récompenser la volonté de collaboration en écoutant, de manière à ce que la victime se sente confortée. Une sérieuse dose d'empathie, une grande faculté à se mettre à la place de l'autre, de la compassion suffisent. C'est ce que j'ai fait. Regina Louf n'a pas inventé la pédophilie et le crime d'enfants organisé. Marc Verwilghen l'a très bien dit quand il était encore président de la Commission Dutroux : " Dans le monde

entier, dans tous les pays qui nous entourent, il existe des réseaux de violeurs d'enfants et de pédophiles. Et la Belgique serait le seul pays où cela n'existe pas ? " Mais ici, à un moment donné, on a fabriqué un climat de "C'est impossible ici." Humo: Existe-t-il des déclarations de Regina Louf qui ont parues fausses ? Des choses qui pouvaient relever de l'affabulation ? De Baets: Nous n'en sommes jamais arrivés à ce stade. L'enquête a été boycottée avant que nous ayons terminé le puzzle. Des gens qui se trouvaient tout à fait en dehors de l'enquête assistaient à des réunions, avec des membres du parquet et le juge d'instruction, et prenaient des décisions cruciales au sujet de l'enquête. Je parle ici surtout de mon supérieur hiérarchique direct, le commandant de gendarmerie JeanLuc Duterme. Il pensait "Ces bonnes femmes sont gaga". Humo: Quand Duterme entre-t-il en scène ? De Baets: Le 1er décembre 1996 il est désigné comme commandant de l'antenne Neufchâteau de la gendarmerie. Je dis toujours que la création de cette antenne a signé le déclin de l'enquête. Au début, de fin août à fin novembre 1996, nous étions simplement des membres de la BSR de Bruxelles qui travaillions pour Neufchâteau. Par la création de l'antenne, nous nous retrouvions dans une unité séparée, avec une hiérarchie propre, et nous étions détachés de notre environnement naturel. De ce fait, nous nous trouvions sous la loupe. Le commandant de district Guido Torrez a désigné Duterme comme commandant de l'antenne. Jean-Luc Duterme avait ses racines à Nivelles, où, dans les années 80, il avait joué un rôle dans l'enquête sur la bande de Nivelles. Un rôle obscur, selon certains de mes collègues. Quand Duterme est devenu notre patron, les collègues se sont dit brusquement " Nom de dieu, Duterme. On va avoir des problèmes". Je ne me méfiais pas. J'ai dit "Mais non, ce type est tellement frustré par cette enquête ratée sur la Bande que cette fois nous allons mettre la gomme". J'étais celui qui défendait Duterme. Par après, j'ai naturellement dû reconnaître que j'avais été très na‹f. Humo: Pour quelle raison Duterme entravait-il les enquêtes dont il était lui-même le chef ? De Baets: Je pense qu'il a agi sur ordre de ses supérieurs hiérarchiques : Jean-Marie Brabant, commandant de la BSR de Bruxelles, et Guido Torrez, commandant du district de Bruxelles. Torrez avait une bonne raison de me mettre des bâtons dans les roues. Jadis, il était intervenu pour aider Annie Bouty, l'ex de Nihoul. Si cela se savait, si à ce moment-là on pouvait établir le lien entre lui et ce couple, il était brûlé pour le reste de sa carrière. Et Brabant ne voulait absolument pas que l'on sache que Nihoul était un informateur non-codé de sa BSR. Ces hommes devaient se protéger. Ils tiraient les ficelles, ils donnaient des instructions à Duterme.

Humo: Quand Duterme a-t-il commis son premier acte de sabotage ? De Baets: Le 20 janvier 1997, il était chef de l'antenne depuis à peine six semaines, Duterme envoie un fax étrange au major Guissart, le gendarme qui dirigeait l'enquête à Neufchâteau. Il écrivait qu'il voulait poursuivre l'enquête sur les X seulement après avoir reçu la réponse à un certain nombre de questions. La première question était : "Les déclarations des X sontelles crédibles ?" Sa propre réponse se trouvait déjà sous-entendue : "Il s'agit la plupart du temps de souvenirs de jeunesse retrouvés". Il n'appartient pas à un flic de se poser ce genre de questions. Nous devons enquêter, nous ne devons pas interpréter. Et nous ne devons certainement pas juger. Même un juge d'instruction ne peut pas juger: il doit instruire à charge et à décharge, et transmettre les résultats au parquet, qui ensuite amène ou pas l'affaire devant le juge. C'est lui qui jugera finalement. Une autre question que Duterme posait dans son fax était "La magistrature est-elle prête à assumer l'arrestation de dizaines de malfaiteurs potentiels, à poursuivre l'enquête jusqu'à leur jugement éventuel, et à détenir les suspects jusqu'à leur procès ?" Et encore "La gendarmerie, dans le cas d'une telle opération globale, est-elle capable d'apporter les renforts nécessaires et a-t-elle suffisamment de personnel qualifié pour interroger toutes ces personnes ?" Plus tard, on a dit et écrit que De Baets était prêt à emmener du Parc de Bruxelles (où se trouvent le Parlement, le siège de la Générale de Banque et le Palais royal, ndlr) à Neufchâteau des autobus pleins de violeurs haut placés (ricane). Humo: Duterme demande en fait " La gendarmerie est-elle capable de s'occuper de délits impliquant plus de trois à quatre personnes ? Où étaient le général Willy Deridder et le colonel Henri Berckmoes, les intellectuels progressistes de la gendarmerie ? Ceux-ci ont-ils entrepris quelque chose pour vous défendre ? De Baets: Berckmoes a dit un jour à Duterme "Ne réglez pas vos comptes en vous servant de ces dossiers, s'il vous plaît, arrêtez vos conneries". Duterme a immédiatement écrit une lettre à la hiérarchie de la gendarmerie, mentionnant que comme chef d'une unité territoriale, il ne voulait pas recevoir d'ordres d'un supérieur purement administratif. A ma connaissance, Berckmoes n'a pas insisté. Mais il avait compris. Humo: Mais l'incrédulité quant au témoignage des X, c'est quand même normal ? De Baets: Naturellement, on peut ne pas croire. Mais il faut laisser travailler ses hommes, hein. J'ai, à l'époque, participé à l'enquête sur l'affaire Kirschen: argent noir et fraude massive dans le secteur diamantaire à Anvers. A un moment, nous buttions sur un compte caché sur lequel se trouvaient des dizaines de milliards. Qu'aurions-nous dû faire si tout le monde s'était écrié à ce moment-là: "Des dizaines de milliards, ce n'est pas possible ?" Arrêter ? On referme tout et retour à Bruxelles ? Le juge d'instruction était déjà revenu une fois d'Anvers en disant qu'il n'y avait rien chez Kirschen et Cñ. Kirschen était le plus grand

sponsor du parti libéral, le PVV. Le dirigeant de Kirschen, Hilaire Beelen faisait partie du comité financier du parti, de même que le gourou Willy De Clercq. Il n'y avait pas de juge d'instruction plus bleu que Guy Bellemans. Donc il ne se passait rien. De même avec les obus de Freddy Vreven, jusqu'à ce qu'un juge d'instruction libéral, Bruno Bulthé, mène l'enquête. Humo: Quand Duterme et ses fidèles ont-ils commencé à "relire" les déclarations des X ? De Baets: Duterme dit qu'en février 1997 il a procédé lui-même à une première relecture du dossier. Il a ajouté des annotations en marge. On n'en croit pas ses yeux. Duterme est un francophone qui ne connaît pas le néerlandais, et les PV de Regina Louf sont tous rédigés en néerlandais. Regina Louf dit à un moment donné : " J'avais environ quatre ans ". (" Ik was een jaar of vier ", en flamand). Duterme souligne le mot "un" et ajoute: "Il est impossible que quelqu'un se souvienne d'événements qui se sont produits quand il avait un an." Voilà le niveau de la première relecture par Duterme. Une deuxième lecture a eu lieu, par des enquêteurs dirigés par un collègue de la gendarmerie Baudoin Dernicourt. Mais cette équipe avait été désignée par Duterme luimême. Ils travaillaient aussi sur base des annotations de Duterme et ils n'osaient naturellement pas contredire leur chef. Le résultat est tout aussi hilarant que celui de la première relecture. Le rapport du 2 juillet 1997 a été établi sur base de cette deuxième relecture. Ce fameux rapport a été transmis aux juges d'instruction JeanClaude Van Espen et Jacques Langlois. Il a fait l'objet de fuites, probablement du parquet de Bruxelles vers VTM, et de là vers le reste de la presse. (Les journalistes de VTM Faroek Ozgunes et Jeroen Wils reconnaîtront par la suite que "la magistrate de confiance" Paule Somers leur avait donné à voir "en toute confidence" ce rapport " confidentiel " ndlr). Sur la première page de ce rapport on trouve déjà trois faux en écriture. Ensuite, on fabriqua même des PV dans lesquels les mots de Regina Louf étaient transformés. Un de ces PV parut textuellement dans l'hebdomadaire Knack du 3 juin.(note par ruf :1998) En le lisant, je devais admettre moimême: De Baets pose vraiment des questions très suggestives ! (rit, soupire, puis se tait). Tous les moyens étaient bons, hein. Humo: Nous sommes alors en été 1997. La fin approche. De Baets: Oui. Le 20 juin le juge d'instruction Van Espen, la magistrate Paule Somers, le commandant Duterme, son adjoint Jean-Luc Decker et les " relecteurs " Philippe Pourbaix et Baudoin Dernicourt tiennent une réunion secrète, au cours de laquelle il est décidé que Van Espen va adresser une lettre au commandement de la gendarmerie, pour se plaindre de moi et de mon équipe. Le 22 juin Van Espen écrit la lettre qui arrivera à la gendarmerie le 24 juin. On décide immédiatement que l'enquête sur le meurtre de Christine Van Hees, le dossier de la champignonnière, doit être arrêtée. Humo: Que vous reproche Van Espen dans cette lettre ? De Baets: Mon nom n'y apparaît même pas. Van Espen m'a déclaré plus tard qu'il n'avait

rien pu écrire à mon sujet. Cet homme a mené avec moi ses meilleures enquêtes. Il me connaît par cour. Et je pensais le connaître. Dans sa lettre du 22 juin, il s'en prend à "des membres de l'antenne Neufchâteau", et il nous reproche grosso modo trois choses: que nous aurions mené une enquête parallèle avec le conseiller Etienne Marique, que nous aurions retenu des informations, et que nous aurions mal accompli certains devoirs qu'il nous avait demandés. Humo: Comment Van Espen pouvait-il vous reprocher d'avoir travaillé avec Marique ? Ce magistrat travaillait pour la Commission d'enquête Verwilghen. S'il vous demandait quelque chose, vous étiez quand même obligés de répondre ?µ De Baets: Quelqu'un avait envoyé une lettre au président de la Commission Dutroux Verwilghen au sujet de liens supposés entre Michel Nihoul et l'ex-premier Paul Vanden Boeynants. Le conseiller Marique m'a demandé si je voulais mener une petite enquête préparatoire sur l'auteur de la lettre, qui il était, s'il était fiable etc. J'ai fait les contrôles administratifs normaux et j'en ai transmis les résultats à Marique. Il s'agissait de l'exploitant d'une boite de nuit où Nihoul se rendait régulièrement. En mai 1997, Marique auditionna le bonhomme. Après cela, il me téléphona et me dit que cela pouvait être intéressant pour nous de parler avec ce monsieur. Son témoignage concernait une affaire que VDB et Nihoul auraient réalisée ensemble, du trafic de cigarettes de Bulgarie vers l'Italie en passant par la Belgique. Humo: VDB a toujours eu de très bons contacts commerciaux dans les pays de l'Est. De Baets: Il s'agissait de fausses Marlboro qui arrivaient de Bulgarie, étaient planquées quelque part à Ternat, cachées dans des balles de coton et ensuite exportées vers l'Italie. D'après le témoin, VDB était le commanditaire du trafic. A un moment donné, le transporteur s'est fait arrêter à la frontière italienne. Et qui négocia avec la douane italienne ? Nihoul. Le transporteur a été laissé en liberté. J'ai recommencé à enquêter sur cette affaire et j'ai constaté que ce dossier existait bel et bien. L'affaire avait été traitée à l'époque par la brigade de recherche de la douane de Bruxelles. Il y a même eu des arrestations, mais elles n'ont touché que les intermédiaires. Quel était l'intérêt potentiel de cette affaire pour moi ? Regina Louf parlait d'événements dans les années septante dans lesquelles des politiciens bruxellois auraient été impliqués. Cela pouvait être l'illustration du fait que Nihoul et VDB étaient déjà dans la course. Mais Philippe Deleuze, l'ex beau-frère de Van Espen, apparut aussi dans cette histoire, donc vous devinez la suite. Humo: La lettre de Van Espen signifiait la fin de l'enquête Christine Van Hees, mais elle annonçait aussi votre éloignement de l'antenne de Neufchâteau et de la BSR De Baets: Le 11 juillet 1997, le juge d'instruction de Neufchâteau Jacques Langlois rédige une apostille, un ordre de " relire " les déclarations des témoins X. Il y mentionne expressément que les déclarations ne peuvent pas être relues par ceux qui ont procédé aux

interrogatoires. Je ne peux donc par relire X1, mais je pourrais relire X2. Langlois ne m'écarte pas de l'enquête. Mais le commandant Duterme ne l'a pas compris ainsi. Le 20 août 1997, il décide d'éliminer mon équipe et l'équipe d'enquête. Il en informe par lettre le procureur Michel Bourlet et le juge d'instruction Langlois. Bourlet informe immédiatement par lettre Langlois qu'il n'est pas d'accord. Plus tard il dira qu'il a dû céder à une forme de chantage de la part du commandement de la BSR de Bruxelles pour écarter certaines personnes de l'enquête. Mais Duterme n'en est pas troublé pour autant, et la hiérarchie de la gendarmerie le couvre. Le 26 août 1997, le chef de la BSR de Bruxelles, Jean-Marie Brabant confirme ma mise à l'écart dans une note à Bourlet et Langlois. Mais comme ils ne sont pas tout à fait sûrs que Bourlet et Langlois vont accepter cela, Duterme dépose le même jour une plainte contre moi pour "faux en écriture par fonctionnaire dans l'exercice de ses fonctions." Ils font immédiatement ouvrir un dossier au parquet et voilà, ils ont une raison de me jeter: tant que dure l'instruction, je ne peux pas continuer à travailler dans une autre enquête. Humo: Le prétexte à la plainte de Duterme était la fameuse photo P10 : Regina n'aurait pas reconnu Christine Van Hees parmi une série de photos qui lui étaient présentées. Elle aurait désigné une autre jeune fille comme étant Christine Van Hees, et vous ne l'auriez pas mentionné dans votre procès verbal. Vous vouliez cacher cela aux magistrats. Patrick De Baets: Le 6 décembre 1996, un procès verbal est dressé par Philippe Hupez. Dans ce procès verbal se trouve ce qu'il faut: que P10 n'est pas Christine Van Hees. Le PV est remis par porteur au juge d'instruction Langlois à Neufchâteau le 10 décembre et le 29 décembre il est remis au parquet de Bruxelles, au magistrat Paule Somers. Ce PV est également mentionné dans ce qu'on appelle la " synthèse opérationnelle " que chaque personne qui était concernée par l'enquête a reçue: ma hiérarchie à la BSR, les différentes équipes d'enquêteurs de la gendarmerie et de la PJ, les juges d'instruction, les parquets de Neufchâteau, Bruxelles, Gand et Anvers. Que veulent-ils dire par " cacher " aux magistrats" ? Humo : La plainte de Duterme n'était donc basée sur rien ? Patrick De Baets (un peu nerveux pour la première fois): Duterme a écrit n'importe quoi. Il ne savait pas quoi dire. Il avait reçu l'injonction péremptoire de saborder l'enquête à tout prix. Il a fini par admettre que le PV sur la photo P10 avait été établi correctement, mais que par malveillance nous l'aurions retenu à l'égard du juge d'instruction Van Espen. Alors que nous ne travaillions même pas pour Van Espen à l'époque! Nous travaillions pour le juge d'instruction Langlois à Neufchâteau. Malgré tout, Van Espen a reçu le PV, le 20 janvier 1997, avant même d'être désigné à nouveau comme juge d'instruction pour le dossier de la champignonnière, mais Duterme ne s'en était même pas rendu compte. C'est comme cela qu'il m'a attaqué. Humo: Suite à cette plainte, le juge d'instruction bruxellois Pignolet a ouvert une enquête à votre sujet ; elle dure depuis deux ans.

De Baets: Alors qu'il aurait pu clore son instruction après dix jours. Encore plus fort: le 30 septembre, le dossier du parquet était transmis à Pignolet. Dès ce jour, il savait que je n'avais pas commis de faux en écriture. J'étais chez lui. Je lui expliquai où, quand et par qui le PV P10 avait été rédigé. Le 12 septembre, Pignolet auditionna Duterme, qui admit que le PV existait bien. Malgré cela, Pignolet poursuivit l'enquête. Humo: C'est pour le moins, l'Absurdistan. De Baets: Je pourrais vous en raconter pour tout un livre. Le 4 décembre 1996 nous avons reçu du Parquet de Bruxelles nos premiers devoirs d'enquête dans l'affaire de la champignonnière, après que le magistrat national Patrick Duynslaeger ait remis le dossier au magistrat Paule Somers. Savez-vous ce dont on nous accuse après coup ? De n'avoir informé le parquet au sujet de la champignonnière que le 2 janvier 1997. Essayez de vous défendre contre des accusations aussi insensées. Autre exemple: une des questions du juge d'instruction Pignolet aux enquêteurs était: "Examinez l'implication de De Baets ou de son père, dans le meurtre d'Alexandre Galopin, directeur de la Société Générale et grand-père du Baron Benoît de Bonvoisin." Ce meurtre a été commis le 28 février 1944. Je suis né en 1952. J'ai reconnu que je n'avais pas commis ce meurtre ! Ensuite, ils ont tenté de démontrer que j'avais été en classe avec Regina Louf. Apostille du juge d'instruction: "Veuillez entendre De Baets au sujet de ses études et vérifiez ses déclarations." Hop, une brigade en folie fonça à mon ancienne école et plongea dans les archives. Regina Louf - qui est née en 1969 - soit 17 ans après moi déclare que lors d'une audition, on lui a posé la question: "Avez-vous été en classe avec Patrick De Baets ?" Quand j'étais en première année de kinésithérapie, Regina Louf avait un an. J'ai ces pièces. Je peux le prouver ! Un juge d'instruction gagne environ 200.000 francs par mois. Humo: Dans une entreprise normale, un Pignolet serait vite renvoyé chez lui avec son C4. De Baets: Le Baron Benoît de Bonvoisin - un homme à l'emprisonnement duquel j'ai contribué - est allé trouver Pignolet et lui a raconté que mon père était un collaborateur. Pignolet s'est renseigné auprès de la gendarmerie et là on lui a répondu : "Ce n'est pas vrai, le père de De Baets était un résistant, voici son numéro d'affiliation au Front Indépendant. Pignolet disposait de cette information sur papier. Il me fait quand même convoquer un midi : audition au sujet de mon père. "Votre père était-il un collaborateur ?" "Non, mon père était un résistant". "Pouvez-vous le prouver ?" "Oui" Je vais chez ma mère et y cherche dans le grenier tous les documents possibles au sujet de mon père comme résistant. Son adhésion à l'armée parallèle, son évasion de la prison de Gand, ses décorations, ses obsèques avec les honneurs militaires, une photo de moi lors des funérailles, alors que je pose sur le cercueil le coussin avec ses décorations. Je copie tous ces documents et les fais parvenir à Pignolet. Par après, au moment où j'ai accès au dossier, je m'aperçois que Pignolet était au courant de tout cela. (Silence). Thérapie occupationnelle, hein. Humilier les gens, les diminuer, les casser psychologiquement, et tromper l'opinion publique à l'aide de quelques journalistes qui se laissent manipuler sciemment. La gendarmerie est aussi au courant, mais n'a jamais réagi à tous ces mensonges que " Le Soir illustré ", " La Dernière Heure " et " Knack " ont publié à mon sujet.

Humo: Christine Dekkers, l'actuel procureur général d'Anvers, a déclaré un jour qu'il faudrait calculer tout ce que ces enquêtes sur base des déclarations des X ont coûté. Son éminence le procureur général devrait aussi calculer combien toute cette enquête inutile à votre sujet a coûté. De Baets: A un moment donné ils sont allés tourner en hélicoptère au dessus d'une maison que loue ma femme à Wetteren. Ils voulaient prouver qu'elle exploitait un bar. Le frère de l'actuel commandant de la gendarmerie, Hermann Franssen, avait eu cette idée. Ce frère est le chef-adjoint de l'inspecteur de la gendarmerie. Il dirigeait l'enquête à mon sujet. A un moment donné, dix hommes travaillaient sur ce dossier. Il comporte environ dix mille pages. Evidemment que ça a coûté de l'argent. Humo: En juillet 1998, vous êtes encore accusé d'avoir violé le secret professionnel. Vous auriez fait des révélations à Claude Eerdekens, chef de groupe PS et membre de la Commission Dutroux. Il l'avait lui-même déclaré à Pignolet. De Baets: Le cas Eerdekens est jusqu'à présent la seule inculpation qui ait résulte de l'enquête de Pignolet, mais je viens d'apprendre que le parquet ne veut pas non plus nous inculper pour cette blague-là, car c'en est une. L'affaire passerait seulement en chambre du conseil en octobre, Pignolet n'a pas eu le temps avant. Pour laver notre honneur il y a rarement le temps. Humo: Quelle enquête est encore en cours à votre sujet ? De Baets: L'enquête mammouth de Pignolet est terminée depuis début juin de cette année et le dossier transmis au parquet. Ce parquet doit maintenant décider si nous devons comparaître devant le juge ou non. Le procureur Benoît Dejemeppe a déjà pris connaissance du dossier. On nous a déjà informé qu'il n'y aura aucune inculpation contre Aimé Bille ou moi-même, mais on veut encore voir si nous n'avons commis aucune faute déontologique. Dejemeppe a aussi déclaré qu'il ne pourrait traiter cette affaire avant la fin de l'année, donc classer sans suite. Ils ne veulent pas reconnaître sur papier que l'enquête à mon sujet est terminée et qu'elle n'a rien donné. Humo: On ne se presse pas. Dans votre cas l'arriéré judiciaire ne doit pas être rattrapé? De Baets: On a fait croire à la population qu'il s'agissait de faits très graves, n'est-ce pas. Et maintenant il leur va falloir reconnaître qu'il n'y a rien. Il faut que cela ne se remarque pas trop. C'est pareil pour l'enquête disciplinaire que la gendarmerie mène à mon sujet. Elle est en cours depuis 25 mois, et cela dure. Le mot d'ordre est : " gagnons du temps, parce que si nous devons reconnaître maintenant qu'il n'y a rien, nous nous rendrons ridicules ".

Humo: Il n'y a vraiment rien du tout ? De Baets: Si, il y a quelque chose: j'ai été impoli envers le juge d'instruction Pignolet. Le 3 novembre 1998, il m'a appelé pour la xième fois. L'ordre est tombé: "Demain à treize heures dans mon bureau pour une audition". J'ai répondu "Cela n'ira pas, parce que je dois accompagner ma femme à la clinique." Elle devait subir une grosse opération. J'ai donc dit à Pignolet: Si vous voulez vraiment me voir, vous devez signer un mandat d'arrêt et me faire arrêter à la clinique de Gand." Il a marmonné quelque chose comme "Je dois aussi faire mon travail." Et là je me suis fâché. J'ai gueulé: "Débrouillez-vous avec votre brol. Et si vos petits indiens viennent me chercher, veillez à ce qu'ils soient armés, parce que celui qui ne me laisse pas tranquille demain, je lui tire dans les couilles." C'était un moment où j'en avais tellement marre que cela ne pouvait plus rien me faire. (Il réfléchit, tire sur sa cigarette). Des moments pareils, vous ne pouvez pas en avoir beaucoup, parce qu'ils vous envoient au trou. Pignolet était donc très heureux de mon éclat. Il a immédiatement dressé un joli petit procès verbal. Hop, tout de suite au parquet général. Cela m'est maintenant resservi dans l'enquête disciplinaire: " usage de langage non-diplomatique à l'encontre d'un juge d'instruction ". Humo: Si vous apparaissez maintenant comme innocent, alors des gens comme le procureur Dejemeppe, la substitute Paule Somers, les juges d'instruction Pignolet et Van Espen, le commandant Duterme, le lieutenant-major (vérifier) Brabant, le commandant de district Torrez, ainsi que le général de la gendarmerie devraient au moins être sanctionnés. A l'aide d'un gaspillage gigantesque des deniers publics et d'occupation des hommes, ils ont bousillé une enquête et ont trompé l'opinion publique. De Baets: En effet. Humo: Et ils ont démoli, moralement et en partie physiquement, des gens qui faisaient leur travail. Pas rien que vous, mais aussi Gregory Antipine, le bras droit de Georges Marnette a mis fin à ses jours. De Baets: Antipine avait peut-être un autre problème. Il avait peut-être peur de la vérité qui, tôt ou tard, devrait quand même se faire jour. Je n'ai pas peur de la vérité. Elle est de mon côté. Humo: Etes-vous convaincu que les X sont neutralisées pour une sorte de raison d'état ? Cela devait s'arrêter, cela ne pouvait pas sortir, parce que cela pouvait déstabiliser le pays ? De Baets: Si dans cette affaire nous n'avons pu aller jusqu'au bout parce qu'on voulait protéger certaines personnes haut placées, alors c'est très grave, hein. Cela voudrait dire que nos institutions sont devenues les protectrices de la perversité et de la perfidie. (Hésitation). Je ne sais pas. A mon avis, l'enquête a été sabotée à un échelon plus bas, par des gens qui ont fait partie de l'entourage de Nihoul, et qui ont des entrées et des amis parmi les services de police et la

magistrature. Et qui entretiennent de bons contacts avec la presse, parce que la presse a dû relayer l'idée que "ce n'est pas possible" jusque dans la population. Humo: Vous devez avoir envie d'en découdre avec la presse. Ils vous ont mis à mort et ont radoté à votre sujet. Sans le soutien d'une certaine presse, Duterme et Cñ n'auraient jamais pu vous démolir. De Baets: Oui, c'est pour cela que nous sommes en train de donner des sueurs froides à un grand nombre de vos confrères. Nous avons lancé des procédures pénales et civiles contre Le Soir Illustré, La Dernière Heure, Télémoustique, Le Vif-l'Express, Père Ubu, La Meuse/La Lanterne, La Nouvelle Gazette, et même toute une série contre Knack. Nous avons déjà gagné la cause contre Pan. Ils se souviendront encore longtemps de ce qu'ils ont écrit à mon sujet. Et quand tout cela sera derrière le dos, Aimé Bille et moi-même allons citer l'Etat belge et la gendarmerie. Nous exigerons 25 millions. Chaque franc sera parfaitement justifié. A ce jour nous avons déjà dépensé plus de six millions en honoraires d'avocats, alors qu'étant "inaptes au travail", nous gagnons 30 à 40 mille francs de moins par mois. Et les grands procès sont encore à venir, donc, la note d'avocat dépassera les 10 millions. Mais il ne s'agit pas d'argent. Ils ont brisé deux ans de nos vies. Ils ont brisé notre carrière, ruiné notre santé, foutu notre vie privée en l'air en rompu notre confiance dans la justice. (Après un long silence) Savez-vous ce que je trouve le pire ? Après avoir refermé les dossiers X, ils sont allés interroger Dutroux et Nihoul sur les déclarations de Regina Louf. Pour pouvoir fermer tout à fait cette porte, en quelque sorte. Mais ceux qui les ont entendus n'avaient pas pris la peine de se préparer. Ils ont donc simplement demandé à Nihoul et Dutroux: "Est-ce vrai, tout ce qu'on trouve dans la presse au sujet des X ?" Que pensez-vous qu'ils ont répondu ? "Mais non ! Ce ne sont que des bêtises! L'erreur judiciaire du siècle !" C'est cela, la justice belge: Dutroux et Nihoul peuvent tranquillement dire que rien n'est vrai, et on les croit. Et on n'utilise plus les moyens nécessaires contre eux. Ceux-ci sont consacrés à démonter ce fou de De Baets et cette folle de Regina Louf. Tandis que Dutroux et Nihoul sont des gens raisonnables à qui on peut simplement demander ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. (Interview : Danny Illegems et Raf Sauviller)

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