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HAEMERS S'EST DONNE LA MORT DANS SA CELULE,A FOREST EPITAPHE POUR UN ENNEMI PUBLIC

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Message  Admin Sam 27 Sep - 12:08

HAEMERS S'EST DONNE LA MORT DANS SA CELULE,A FOREST EPITAPHE POUR UN ENNEMI PUBLIC

GUILLAUME,ALAIN

Vendredi 14 mai 1993

Haemers s'est donné la mort

dans sa cellule, à Forest

Les raisons de sa mort? Toxicomane, Haemers était aussi dans un cul-de-sac. Et on a encore eu peur de lui.

La nouvelle tient en peu de mots: Patrick Haemers s'est suicidé la nuit dernière, en prison. Elle laisse pantois et on ne voit quel commentaire faire. L'homme s'est donné la mort dans une cellule de la prison de Forest. Il a utilisé le fil de sa radio attaché au radiateur (haut de 1,50 m) de sa cellule et s'est donc pendu en position assise. Il a également laissé deux courtes lettres saisies par la justice, dont une à son épouse et son fils.

Avant de procéder à ces manoeuvres, il a barricadé sa cellule, avec son lit, sa chaise et sa table. Selon des informations que nous avons recueillies la nuit dernière et ce matin, Haemers a trouvé la mort alors même que les surveillants de Forest tentaient, sans succès, d'ouvrir la porte de sa cellule.

Patrick Haemers était toxicomane et soigné par le médecin de la prison avec, peut-être, un traitement de substitution. Ce traitement, quel qu'il soit, avait en tout cas été diminué et stoppé récemment, avec un ordre formel du médecin de pas donner au détenu le médicament qu'il pourrait vraisemblablement réclamer.

Dans la nuit, Haemers a demandé avec force qu'on lui donne ses pilules. Les surveillants et l'infirmier de garde ont refusé. Il a alors menacé de se suicider. Sachant que le chantage était peut-être bien réel, les surveillants de la prison ont également craint qu'il s'agisse d'une tentative d'évasion, que Haemers tente de faire ouvrir la porte de sa cellule par n'importe quel moyen pour prendre du personnel en otage. Ils ont donc appellé un directeur de la prison et les policiers forestois, tout en parlementant avec leur détenu.

TENTATIVE D'ÉVASION

OU TOXICOMANE EN MANQUE

Ils lui dirent même, à un moment, qu'ils étaient prêts à accéder à sa demande s'il les laissait entrer. Haemers ne répondit plus. Les surveillants forcèrent la porte. Trop tard. Il était 3 h 20. Haemers avait suscité la peur une dernière fois.

Dans la nuit, ses parents - Achille Haemers et Liliane Peeters, qui résident à la frontière entre la France et l'Espagne - ont été avertis par téléphone. Ils font route vers Bruxelles. Au même moment, le Parquet de Bruxelles, le juge Pignolet et le médecin légiste Bombled sont descendus à la prison en compagnie de policiers judiciaires et de policiers forestois. Ils y étaient encore ce matin. Une instruction pour homicide involontaire a été ouverte. Le registre médical a été saisi. Le courrier d'Haemers sera ouvert en présence du bâtonnier.

À l'heure d'écrire ces lignes, nous ne connaissions pas les motifs que le truand invoquerait dans ces deux courtes lettres. Une rumeur persistante - se fondant sur sa maigreur lors du procès, son apparente lassitude et l'état peu propre dans lequel il laissait sa cellule - prétendait, depuis plusieurs semaines, qu'il était atteint d'une grave maladie. Selon nos informations prises à bonnes sources, cette rumeur est totalement infondée.

UN HOMME

DANS UN CUL-DE-SAC

Patrick Haemers était cependant dépressif. Il était démoralisé. Par sa détention, la perspective de sa condamnation et ses conditions sévères d'isolement; par la mort récente de son frère Éric (aux obsèques duquel il avait pu assister); par sa séparation avec son épouse Denise Tyack et son fils (âgé aujourd'hui de 8 ans); par sa très réelle absence de moyens financiers (contrairement à d'autres membres de la bande); et enfin par la récente évasion de deux de ses complices. Sans doute trouvera-t-on là quelques explications à ce suicide.

Patrick Haemers était né à Schaerbeek le 2 novembre 1952 et était donc agé de 40 ans. Il avait grandi dans une famille bourgeoise de Woluwe-Saint-Lambert et y avait connu, avec de nombreux copains, une adolescence heureuse. Il abandonna cependant ses études à l'âge de 15 ans.

Plusieurs témoins de cette période affirment qu'à la fin des années 70 Haemers sombra dans l'alcoolisme et la toxicomanie. C'est l'époque où il fréquentait bars et dancings. Celle où il découvrit la prison sous le coup d'une condamnation pour viol. Le père du truand affirme que cette condamnation était injuste, que Patrick et ses amis avaient «ramassé une fille» en rue et que lui ne l'avait pas touchée. Aidé par ses parents - qui lui confièrent alors la gestion d'un magasin de sport de l'avenue Georges Henri où il fit des prodiges -, Patrick Haemers sembla sortir lentement de ce mauvais pas.

Après un mariage fort bref - Achille Haemers nous laissa encore entendre, dans un entretien réalisé au Brésil, que son fils avait été particulièrement blessé par une profonde déception amoureuse -, il entama une liaison durable avec Michèle Dewit (qui sera la future compagne d'Axel Zeyen). Enfin, il rencontra Denise Tyack en 1983, au club «Happy Few» (avenue Louise) qu'il gérait alors avec son père. Il l'épousa en 1985 et eut d'elle un fils la même année. C'est la période au cours de laquelle il plonge dans la truanderie. Celle au terme de laquelle il se retrouve aussi accusé, aux assises du Brabant, de treize hold-up, quatre assassinats et un enlèvement.

ALAIN GUILLAUME

Dossier page 17

ÉPITAPHE POUR UN «ENNEMI PUBLIC»

Patrick Haemers était soumis à un régime strict.

Pas sans raison. L'acte d'accusation était des plus effrayants.

Nous avons contacté Paul Vanden Boeynants - qui fut l'otage de Patrick Haemers pendant un mois -, ce matin, pour lui demander comment il réagit au suicide de son ravisseur. Apparemment, peu ému, froid même, VDB explique: Eh bien, écoutez, je vais être laconique... Pour moi, la mort d'un homme est une chose dramatique. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire.

Est-ce vraiment sa seule réaction? Ne s'interroge-t-il pas sur les circonstances, les causes de ce suicide en prison? Mais si, bien sûr. Comme tout le monde! Je crois tout simplement que c'était un homme très fier qui ne supportait pas l'idée de rester de nombreuses années en prison. Et aussi, il se sentait sans doute abandonné. Abandonné par ses amis. Mais je n'ai vraiment pas d'autre commentaire...

VISITES DE CONTR OLE ET

OBSERVATIONS RÉGULIÈRES

«Fier», Haemers l'était sûrement. Il était aussi, comme l'ont déjà expliqué ses avocats, touché par de dures conditions d'emprisonnement. Ce matin, on nous a reprécisé ce qu'était la vie d'Haemers à Forest.

Concrètement, cela signifie qu'il lui était interdit d'entretenir tout contact avec des codétenus et d'une manière générale avec le monde extérieur. Il était seul en cellule, seul aux promenades. Sa cellule était visitée régulièrement (tous les deux ou trois jours) et une «observation visuelle» fréquente était opérée. En d'autres termes, un surveillant ouvrait le judas de sa porte plusieurs fois par jour et par nuit pour l'observer. Il était cependant autorisé à regarder «sa» télévision, écouter la radio et lire les journaux. Il avait évidemment droit à la visite de ses avocats et de sa famille plusieurs fois par semaine.

Si Patrick Haemers était soumis à un tel statut, c'est évidemment que les charges et les accusations pesant contre lui étaient extrêmement lourdes. Et que les risques de tentative d'évasion étaient grands. On lui reprochait rien moins que treize hold-up ayant handicapé des dizaines de victimes, quatre assassinats de postiers et de convoyeurs de fonds et l'enlèvement de Paul Vanden Boeynants détenu pendant un mois au Touquet et qui rapporta 63 millions aux ravisseurs.

«Le» chef de la bande? Un d'entre eux en tout cas...

UNE LITANIE D'ATTAQUES,

UN LONG MÉMORIAL

Voilà dans le détail les faits qu'on reprochait à Haemers:

- 2 novembre 1983: hold-up à la poste de Herstal alors occupée par 32 personnes;

- 20 août 1984: hold-up à la poste de Neufvilles;

- 1er mars 1985: attaque à Wilsele d'un fourgon postal. Haemers et Lacroix, toujours;

- 20 mai 1985: attaque d'un fourgon postal à Neufvilles;

- 4 novembre 1985: attaque à l'explosif d'un fourgon postal à Verviers. Les postiers Henriette Genet (30 ans) et Yves Lambiet (31 ans) sont tués. Le gendarme Daniel Rahir (34 ans), pris en otage, est grièvement blessé;

- 17 mars 1986: attaque d'un fourgon Securitas au GB de Drogenbos;

- 28 mars 1986: attaque d'un fourgon Securitas à Evere;

- 17 juillet 1986: hold-up à Gooik-Leerbeek contre un transport de fonds Securitas. Un convoyeur, Georges Vindevogel (24 ans), est abattu sur place. Haemers a toujours nié cette attaque avec énergie;

- 17 septembre 1986: attaque d'un fourgon Securitas à Wezembeek;

- 13 août 1987: évasion, à Louvain, de Patrick Haemers. Deux gendarmes sont blessés;

- 21 juin 1988: tentative de hold-up contre un fourgon postal à Tournai. Deux employés des postes, Robert Martin et Richard Ostrowski, sont blessés par l'explosion d'une grenade jetée dans leur fourgon;

- 29 juillet 1988: tentative de hold-up à l'explosif contre un fourgon Brink's-Ziegler à Etterbeek;

- 14 janvier 1989: enlèvement de P. Vanden Boeynants;

- 31 janvier 1989: attaque à l'explosif d'un fourgon GMIC sur l'autoroute de la mer à Grand-Bigard. Un mort (Ronny Croes, agé de 22 ans) et un blessé dans l'attaque.

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HAEMERS S'EST DONNE LA MORT DANS SA CELULE,A FOREST EPITAPHE POUR UN ENNEMI PUBLIC Empty COMPLICE HAEMERS (TH.SMARS) A ETE SUICIDE ?

Message  Admin Sam 27 Sep - 12:18

COMPLICE HAEMERS (TH.SMARS) A ETE SUICIDE ?

GUILLAUME,ALAIN

Samedi 30 septembre 1989

Un complice d'Haemers

a-t-il été «suicidé» en 1986?

Dans sa geôle brésilienne, Patrick Haemers a tout oublié. A ceci près qu'il se souvient avoir agi (attaque de fourgons blindés, enlèvement, hold-up) «pour des raisons politiques». Pas sûr que les juges brésiliens acceptent aisément cette interprétation des crimes reprochés au truand. En tout cas, en Belgique, on hésite peu: Haemers n'est rien d'autre qu'un truand immergé dans «le milieu». Et c'est d'ailleurs dans ce «milieu» que les enquêteurs belges travaillent.

Sous la conduite du juge Collin, les enquêteurs de la cellule Gamma ont ainsi procédé, mardi, mercredi et jeudi, à plusieurs perquisitions chez des armuriers ou des «marchands d'armes» suspectés d'avoir commercé avec le «milieu». Ces perquisitions n'ont, semble-t-il, permis de découvrir aucun élément matériel essentiel. Cependant, un armurier bruxellois a été interpellé jeudi et mis à la disposition du juge Collin. Il est suspecté d'avoir fourni des explosifs à Robert Darville (un autre armurier arrêté voici plusieurs semaines) qui en aurait fait des bombes vendues ensuite à Haemers.

Parallèlement à ces investigations, le juge Collin a enfin été saisi d'un dossier d'information qui avait été ouvert au parquet de Bruxelles en 1986, et qu'il n'avait qu'en «communication». Ce dossier se rapporte au «suicide», le 21 mai 1986 à Woluwe-Saint-Lambert, de Thierry Smars, un jeune homme alors âgé de 24 ans. Smars est aujourd'hui suspecté d'avoir appartenu à la bande Haemers et d'avoir entre autres participé à l'attaque du fourgon postal de Verviers. Si certains enquêteurs disent qu'en 1986 il n'était pas scandaleux de penser que Smars s'était suicidé (malgré l'avis formel d'un expert)... ils s'empressent d'ajouter qu'aujourd'hui on peut considérer comme éminemment probable le fait que Thierry Smars ait été victime d'un meurtre. Smars aurait été meurtri et «déstabilisé» par le drame de Verviers auquel il avait concouru. Au point d'en devenir «dérangeant» pour la bande Haemers.

Al. G.

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HAEMERS S'EST DONNE LA MORT DANS SA CELULE,A FOREST EPITAPHE POUR UN ENNEMI PUBLIC Empty QUELQUES HEURES APRES LE SUICIDE D'HAEMERS,KAPLAN ARRETE A ZELLIK HAEMERS VICTIME DE LUI-MEME PLAIDOIRIES POSTHUMES

Message  Admin Sam 27 Sep - 12:27

QUELQUES HEURES APRES LE SUICIDE D'HAEMERS,KAPLAN ARRETE A ZELLIK HAEMERS VICTIME DE LUI-MEME PLAIDOIRIES POSTHUMES

GUILLAUME,ALAIN; VAN DAMME,GUIDO

Samedi 15 mai 1993

Quelques heures après le suicide

d'Haemers, Kaplan arrêté à Zellik

Après Lacroix, c'est le deuxième évadé de la prison de St-Gilles repris. Seul Bajrami court toujours.

Le vendredi ne porte pas chance aux gangsters évadés de la prison de Saint-Gilles le 3 mai. Une semaine exactement après l'arrestation de Philippe Lacroix à Laeken, Kaplan Murat a subi le même sort hier soir. Repéré depuis jeudi, il a été repris - comme l'autre truand Djurika Djordjevic, évadé de Verviers en mai 1992, qui l'accompagnait - par des membres de deux unités d'intervention de la gendarmerie au terme d'une course poursuite entre Ternat et Zellik. De ces évadés, seul Basri Bajrami courait donc encore hier soir, dernier membre de la «bande Haemers» encore en liberté.

Une bande qui a perdu l'un de ses chefs dans la nuit de jeudi à vendredi, quand Patrick Haemers s'est donné la mort en se pendant avec le cordon électrique de sa radio attaché au radiateur de sa cellule de la prison de Forest.

Haemers a laissé deux courtes lettres derrière lui. Deux «mots» pleins de fautes. Le premier est pour sa femme: Je n'en peux plus. J'ai trop mal. Je suis trop fatigué. Mes dernières pensées sont pour toi et notre fils. Le second est adressé au ministre de la Justice Wathelet: Wathelet, je t'emmerde!

Patrick Haemers était toxicomane et soigné par le médecin de la prison depuis longtemps, avec, semble-t-il, un traitement de substitution. Ce traitement avait été diminué et récemment arrêté. Le médecin avait donné l'ordre de ne pas donner au détenu le médicament qu'il aurait pu sans doute réclamer.

HAEMERS PROJETAIT

PEUT- ETRE DE S'ÉVADER

Dans la nuit de jeudi à vendredi, Haemers - qui avait cessé de manger depuis quelques jours et ne recevait plus de somnifères - a appellé le gardien de l'aile C où il occupait, seul, la cellule 1.006. Il a réclamé qu'on lui rende ses pilules. Le surveillant a prévenu l'infirmier de garde puis a répondu à Haemers, par le judas de la porte, qu'il ne pouvait lui donner les médicaments. Haemers a menacé de se suicider si on ne lui donnait pas ses pilules dans les quinze minutes. Il s'est barricadé en entassant lit, table et chaise devant la porte de sa cellule. Les surveillants ont pris peur.

C'était peut-être une vraie crise d'un toxicomane en manque. Ou la tentative d'un détenu sachant que la prison est mal gardée la nuit, et prêt à tout faire pour qu'on ouvre sa porte, pour prendre des personnes en otage. Cette crainte n'était pas gratuite. Après l'évasion de Bajrami, Lacroix et Kaplan, pouvons-nous révéler, le juge d'instruction De Ruyver avait fait fouiller la cellule d'Haemers. On y avait trouvé un fragment d'un mot attribué à Dominique Lambert (incarcéré à St-Gilles pour le meurtre de soeur Justine en janvier 92 à Anderlecht). Lambert y expliquait qu'un de ses familiers travaille pour lui dans le projet à l'extérieur. On en déduisit qu'il s'agissait d'un projet d'évasion, car le familier dont Lambert parlait est un complice connu de Kaplan, Lacroix et Bajrami.

Hier matin, les surveillants appelèrent donc leur directeur de garde et la police communale de Forest. Ils tentèrent de «négocier» avec Haemers. Ils dirent enfin, quand les policiers les eurent rejoints, qu'ils étaient prêts à lui donner ses pilules mais qu'il devait démanteler sa barricade. Haemers ne répondit plus. Les policiers forcèrent la porte. Trop tard. Il était 3 h 20. Haemers était à genoux, pendu à un radiateur d'un mètre cinquante par le cordon électrique de sa radio. Il avait suscité la peur une dernière fois.

Le substitut Bérangère Weerts, le juge d'instruction Jacques Pignolet et le médecin légiste Frederic Bonbled sont rapidement descendus à la prison. Le juge, en charge d'une instruction pour homicide involontaire, a saisi le courrier d'Haemers mais aussi le registre médical de la prison.

Dans l'après-midi, les avocats d'Haemers ont fait de courtes déclarations à la presse. Des déclarations franches, courageuses, qui paraîtront aussi scandaleuses. Me Motte de Raedt a dit qu'il ne s'agissait pas du banal suicide d'un polytoxicomane, mais bien du choix délibéré d'un homme qui a prémédité sa mort. Me Bigwood a dit que l'homme qu'il avait découvert n'avait rien à voir avec l'image de desesperado que l'opinion publique s'était faite de lui. Me Bosquet a souligné qu'il était mort présumé innocent. Me Leclercq a estimé qu'on avait oublié qu'il s'agissait d'un être humain. Enfin, Denise Tyack, l'épouse d'Haemers, a affirmé que son mari souhaitait un enterrement discret.

LA RÉACTION

DU MINISTRE DE LA JUSTICE

Le ministre de la Justice, Melchior Wathelet, a brièvement commenté l'événement: Un suicide est un acte personnel. C'est le résultat d'un dialogue entre soi et soi. Je n'ai pas de commentaire à faire. Patrick Haemers était très sévèrement surveillé. Tout ce qui se trouvait dans sa cellule était autorisé par les règlements. Tout le monde, au moment des événements, a fait le maximum de ce qui était en son pouvoir. S'il est vrai que la procédure ouverte à charge d'Haemers et consorts a été longue, c'est aussi dans le but de préserver les droits de la défense, ce qui, il est vrai, peut aussi avoir des effets pervers.

ALAIN GUILLAUME

Éditorial et «À bout portant»

page 2

Dossier page 26

PATRICK HAEMERS VICTIME DE LUI-M EME

Il était soumis à un régime strict.

Pas sans raison. L'acte d'accusation était des plus effrayants.

Patrick Haemers était démoralisé, disent tous ceux qui l'ont cotoyé récemment. Par sa détention, la perspective de sa condamnation et ses conditions sévères d'isolement; par la mort récente de son frère Éric dans un accident de voiture; par sa séparation avec son épouse Denise Tyack et son fils (âgé aujourd'hui précisément de 8 ans); par ce qu'il disait être une très réelle absence de moyens financiers ; et enfin par la récente évasion de deux de ses complices. Sans doute trouvera-t-on là quelques explications à ce suicide.

IL A EU SA CHANCE

Il était né à Schaerbeek le 2 novembre 1952 et était donc agé de 40 ans. Il avait grandi dans une famille bourgeoise de Woluwe-St-Lambert et y avait connu, avec de nombreux copains, une adolescence heureuse. Il abandonna cependant ses études à l'âge de 15 ans.

Plusieurs témoins affirment qu'à la fin des années 70 Haemers sombra dans l'alcoolisme et la toxicomanie. C'est l'époque où il fréquentait bars et dancings. Celle où il découvrit la prison sous le coup d'une condamnation pour viol. Le père du truand affirme que cette condamnation était injuste. Elle causa en tout cas l'échec du premier et éphémère mariage d'Haemers et une profonde déception amoureuse.

Le «grand blond» entama alors une liaison durable avec Michèle Dewit (qui sera plus tard la compagne d'Axel Zeyen). Enfin, il rencontra Denise Tyack en 1983, au club «Happy Few» (avenue Louise) qu'il gérait alors avec son père. Il l'épousa en 1985 et eut d'elle un fils la même année.

C'est la période au cours de laquelle il plonge dans la truanderie. Celle au terme de laquelle il se retrouve accusé, aux assises du Brabant, de treize hold-up, quatre assassinats et un enlèvement.

Hier matin, on nous a reprécisé ce qu'était la vie d'Haemers à Forest. Il lui était interdit d'entretenir tout contact avec des codétenus et d'une manière générale avec le monde extérieur. Il était seul en cellule, seul aux promenades. Sa cellule était visitée régulièrement (tous les deux ou trois jours) et une «observation visuelle» fréquente était opérée. En d'autres termes, un surveillant ouvrait le judas de sa porte deux ou trois fois par heure et fréquemment pendant la nuit pour l'observer. Il était cependant autorisé à regarder la télévision, écouter la radio et lire les journaux. Il avait évidemment droit à la visite de ses avocats et de sa famille plusieurs fois par semaine.

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Message  Admin Sam 27 Sep - 12:27

DES CHARGES TERRIBLES

Si Patrick Haemers était soumis à un tel statut, c'est évidemment que les accusations pesant contre lui étaient extrêmement lourdes et que les risques d'évasion étaient grands. «Le» chef de la bande? Un d'entre eux en tout cas...

Voilà dans le détail les faits qu'on reprochait à Haemers:

- 2 novembre 1983: hold-up à la poste de Herstal alors occupée par 32 personnes;

- 20 août 1984: hold-up à la poste de Neufvilles;

- 1er mars 1985: attaque à Wilsele d'un fourgon postal.

- 20 mai 1985: attaque d'un fourgon postal à Neufvilles;

- 4 novembre 1985: attaque à l'explosif d'un fourgon postal à Verviers. Les postiers Henriette Genet (30 ans) et Yves Lambiet (31 ans) sont tués. Le gendarme Daniel Rahir (34 ans), pris en otage, est grièvement blessé;

- 17 mars 1986: attaque d'un fourgon Securitas au GB de Drogenbos;

- 28 mars 1986: attaque d'un fourgon Securitas à Evere;

- 17 juillet 1986: hold-up à Gooik-Leerbeek contre un transport de fonds Securitas. Un convoyeur, Georges Vindevogel (24 ans), est abattu sur place.

- 17 septembre 1986: attaque d'un fourgon Securitas à Wezembeek;

- 13 août 1987: évasion, à Louvain, de Patrick Haemers. Deux gendarmes sont blessés;

- 21 juin 1988: tentative de hold-up contre un fourgon postal à Tournai. Deux employés des postes sont blessés par l'explosion d'une grenade jetée dans leur fourgon;

- 29 juillet 1988: hold-up à l'explosif contre un fourgon Brink's-Ziegler à Etterbeek;

- 14 janvier 1989: enlèvement de P. Vanden Boeynants;

- 31 janvier 1989: attaque à l'explosif d'un fourgon GMIC sur l'autoroute de la mer à Grand-Bigard. Un mort (Ronny Croes, agé de 22 ans) et un blessé dans l'attaque.

Contacté hier matin, Paul Vanden Boeynants, l'une des victimes de la bande, nous a dit froidement ses réactions à l'annonce du suicide. Je vais être laconique, dit-il. Pour moi, la mort d'un homme est une chose dramatique. C'est tout. Je n'ai pas d'autre commentaire.

ALAIN GUILLAUME

Une partie des informations de cette page a paru dans nos éditions de vendredi après-midi. Que les lecteurs concernés veuillent bien nous en excuser.

Plaidoiries «posthumes» et dithyrambiques de ses avocats

Hier après-midi, au palais de Justice, quatre des avocats de Patrick Haemers et Denise Tyack, son épouse, ont fait de courtes déclarations à la presse.

Certaines étaient sans doute plus franches ou sensiblement moins mesurées que d'autres. Sans doute même choqueront-elles les proches des quatre morts de l'«affaire Haemers».

À chacun, maintenant, d'y réfléchir et de les apprécier.

En voici quelques extraits significatifs.

Denise Tyack, les larmes aux yeux: Mardi, à la visite, il m'avait dit qu'il n'en pouvait plus. On venait de lui enlever ses photos de famille. On ne m'a pas avertie, on ne m'a pas donné la lettre qu'il m'a écrite. C'est scandaleux, je ne comprends pas que cela ait pu se produire avec le régime de surveillance qui lui était infligé. Il m'avait dit ses dernières volontés. Il ne veut pas de service religieux; il veut être incinéré; il ne veut ni fleurs ni couronnes; il veut peu de monde et pas de journalistes.

Me Marie-Fernande Motte de Raedt: Patrick Haemers avait des choses essentielles à dire. Je regrette que ces choses-là ne soient pas dites. Nous ne pouvons qu'être tous profondément émus. Il y avait chez lui une dimension particulière. Sa personnalité - dans ses relations avec ses avocats - était attachante. Il était correct dans son comportement vis-à-vis de ses avocats, correct vis-à-vis des gardiens de prison. Sachant même, en dépit de tout, gratifier chacun d'un sourire qui éclairait son visage d'une façon très particulière. Son film préféré était «Cyrano de Bergerac»: il n'était pas un médiocre. Nous avions tous décelé chez lui un certain sentiment de «pureté» que j'ose appeler ainsi. Les experts, en écrivant à son sujet, nous disaient qu'il avait la nostalgie d'un monde idéalisé et honnête. J'ajoute: le paradis perdu! Il ne s'agit pas d'un polytoxicomane à qui on a enlevé ses médicaments. C'est une banalisation inadmissible. Il a voulu et prémédité sa mort. Il a préféré mourir debout, même s'il était à genou et accroché à un radiateur.

Me Jean Bigwood: M. Haemers n'avait pas grand-chose à voir avec l'image de desperado que l'opinion publique s'en était faite. Il avait au contraire une tendresse, un humour, une intelligence qui faisaient de lui une personnalité hors du commun, incontestablement attachante. Je suis ému de savoir qu'il avait perdu l'espoir de s'expliquer publiquement. Mon émotion est mélangée d'un sentiment d'indignation car ce suicide est dû, notamment, à ce qui s'apparente à une faillite de notre pouvoir judiciaire, incapable de préserver jusqu'au procès l'espoir auquel M. Haemers avait droit. Auquel tout homme a droit.

Me Denis Bosquet: M. Patrick Haemers est mort présumé innocent. Nous, ses avocats, pouvons certifier qu'il voulait son procès, qu'il voulait s'exprimer devant ses juges. M. Patrick Haemers avait rassemblé toutes ses forces, diminué qu'il était par une détention extrêmement longue et un régime carcéral terriblement éprouvant, pour affronter son procès. Nous pouvons attester que l'homme s'est brisé à l'annonce de la remise de son procès, qu'il ne croyait plus en rien et que, depuis de nombreux jours, il sentait qu'il ne retrouverait plus les mêmes ressources indispensables une seconde fois.

Me Emmanuel Leclercq: On a oublié que c'était un être humain et on a pensé que, au regard des accusations qui pesaient sur lui, rien ne serait assez dur et que sa détention était déjà sa condamnation. Il ne se défendra donc pas. Pis encore, personne ne pourra le faire à sa place. Personne ne saura ce qu'il aurait dit, ce qu'il aurait reconnu, ce qu'il aurait contesté. Il aura eu le dernier mot, celui auquel on ne s'attendait pas.

Al. G.

Brisé par la remise de son procès?

Les avocats, qui ont réagi «officiellement» vendredi après-midi, s'étaient exprimés «à chaud», si l'ose écrire, tout en début de matinée.

Il y avait à peine une vingtaine de minutes que l'huissier avait ouvert les deux grands battants de bronze du Palais de Justice que deux silhouettes gravissaient le grand escalier d'entrée rendu très glissant par le crachin.

Mes Fernande Motte de Raedt et Denis Bosquet. Les lèvres de ce dernier tremblaient et il parvenait difficilement à dénouer sa gorge:

- C'est affreux, tout simplement. Hier soir, nous en discutions encore en disant que notre client serait bien le seul pour lequel la menace d'un suicide pouvait être écartée, tant était grande la surveillance dont il faisait l'objet. Et puis voilà!

C'est un magistrat qui nous a téléphoné.

Pourquoi ce suicide? Les conditions de détention?

- Inhumaines. C'était l'isolement complet. La dernière fois qu'il a comparu en chambre des mises, il n'était même plus capable de tenir sur son banc. Le procureur général s'en est aperçu, et il nous avait promis de «faire quelque chose» pour notre client. On a songé alors de lui permettre de circuler un peu dans une sorte de grande cage. Mais l'homme avait sa fierté, il a refusé cette cage.

Me Denis Bosquet enchaînait:

- Haemers a été «cassé» par la remise de son procès. Le lendemain de cet ajournement, il m'a dit: Maître, à présent, occupez-vous de votre femme, de vos gosses et de vos autres clients. Il estimait que, pour lui, tout était fini.

Deux souvenirs nous reviennent aussitôt en mémoire. Celui du même Denis Bosquet qui nous disait, au lendemain de la remise: Haemers m'a dit qu'il avait encaissé cette remise comme un coup de matraque sur la tête. Celle d'un procureur aussi, qui nous disait avant Haemers I: Vous verrez, Haemers, ce n'est plus le héros de légende. Bourré de valium. Un zombie.

C'est à ces choses-là que les avocats pensent sans doute lorsqu'ils nous disent: Cet homme n'a pu supporter une telle image de lui-même. C'était un homme très fier.

Tout aussi émue, Me Françoise Roggen, défenseur de Philippe Lacroix, semble partagée entre la plus grande irritation et la plus grande compassion...

- Je pense aussi intensément à la douleur des proches, aujourd'hui. De ce fils de huit ans auquel on devra apprendre cette horreur. Au père de Patrick Haemers aussi, qui aura perdu ses deux fils la même année, et tous deux dans des circonstances dramatiques.

Puis, soudain, sévère:

- Cet homme avait besoin de soins, médicaux ou psychiatriques, depuis longtemps. Et cela, les rapports en attestent, les autorités le savaient.

Me Roggen appréhendait pour Lacroix l'impact redoutable de la nouvelle sur des structures mentales fragilisées. Le hasard veut que la veille du suicide de Haemers, Me Roggen ait demandé aux autorités pénitentiaires de faire voir son client par un médecin psychiatre parce que certaines choses ne me paraissaient pas rassurantes.

GUIDO VAN DAMME

Le jour anniversaire de son fils

Me André Dumont, un des avocats de Denyse Tyack, l'épouse de «l'ennemi public no 1», nous parle du fils de Patrick Haemers. C'est le jour de son huitième anniversaire, ce vendredi 14 mai, qu'il fallait lui annoncer tout cela.

L'enfant était fort attaché à son père, nous dit Me Dumont. Il a d'ailleurs fallu, progressivement, le détacher de ce modèle paternel, comme disent les psychiatres, pour éviter de gros problèmes ultérieurs.

Dans la première école communale de Woluwe-Saint-Lambert où il avait été placé, on lui avait donné un nom d'emprunt, pour éviter la cruauté des autres enfants de la classe et la curiosité malsaine d'adultes.

Actuellement, l'enfant est en internat et les choses, en ce milieu plus clos, se passent différemment. Il y est suivi par des psychologues et pédopsychiatres.

Il a tant réclamé les visites à son père qu'il a fallu le lui accorder. Devant la vitre d'abord, puis même à table. C'était avant le régime de stricte surveillance. Comme son père, il est particulièrement doué pour le dessin. Sa mère, qui avait trouvé un certain équilibre personnel par la pratique de l'équitation, a tenté la même pédagogie pour son fils. Mais l'enfant n'a marqué que peu d'enthousiasme pour les poneys.

Il disait: vous verrez, après le procès, papa reviendra à la maison.

Comme les enfants des victimes, les enfants des gangsters paient cher, eux aussi, les crimes d'adulte.

G. V .D.

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HAEMERS S'EST DONNE LA MORT DANS SA CELULE,A FOREST EPITAPHE POUR UN ENNEMI PUBLIC Empty LES EVADES DE SAINT-GILLES BASCULENT DANS LA TERREUR EVADES:DEBATS ET DEGATS IL VOLE UNE ARME AUX GENDARMES PUIS IL SE SUICIDE

Message  Admin Sam 27 Sep - 12:48

LES EVADES DE SAINT-GILLES BASCULENT DANS LA TERREUR EVADES:DEBATS ET DEGATS IL VOLE UNE ARME AUX GENDARMES PUIS IL SE SUICIDE

GUILLAUME,ALAIN

Lundi 10 mai 1993

Les évadés de Saint-Gilles

basculent dans la terreur

La «bande Haemers» et la «bande Maâche» sont désormais unies. Kaplan et Bajrami ont de solides complicités.

L'évasion des «trois de Saint-Gilles» n'est très probablement qu'une des pièces d'un énorme projet d'évasion monté il y a de nombreux mois et concernant plusieurs membres de deux plus redoutables bandes du pays: celle d'Haemers et celle de Maâche. Des hommes aujourd'hui en cavale et qui ont littéralement déclaré la guerre à leurs poursuivants en attaquant au lance-grenades un commissariat de police et une patrouille de gendarmerie...

Gendarmes et policiers faisaient l'hypothèse de ce rapprochement des deux bandes depuis quelques jours. Ils en ont eu une première confirmation samedi midi, lors d'une attaque - par les fugitifs - d'une station Texaco située au 1535 de la chaussée de Waterloo, à Uccle.

A 11 h 55, trois hommes armés arrivent là dans une BMW volée. Ils couvrent leur visage d'une cagoule, mais une femme croise un des agresseurs qui n'est pas encore masqué. Elle est formelle: sur les photos qu'on lui présente, elle désigne Abdelaq Melloul Khayari, un Marocain né à Bruxelles en juillet 1976, évadé de la prison de Verviers (avec la complicité de son frère qui avait pris sa place à l'occasion d'une visite). Khayari y purgeait une peine de 14 ans de prison, encourue en juin 1991 dans le cadre de l'énorme «procès Maâche» fait à une bande spécialisée dans les cambriolages, les vols et les hold-up.

Khayari se trouve à la station-service en compagnie de Bajrami et Kaplan. Deux des trois hommes essayent de s'emparer d'une Mercedes qui doit passer au car-wash. Comment démarre-t-elle, demande un des trois fugitifs en pointant son pistolet sous le nez du propriétaire. Sorry, répond l'homme, I don't speak french. Dégoûtés, Khayari, Bajrami et Kaplan détalent dans leur BMW sous le regard satisfait de «l'anglophone»: un citoyen russe plein de sang-froid qui parle parfaitement le français!

Une trentaine de minutes plus tard, la BMW arrive au centre de Zaventem. Un gendarme en civil l'aperçoit. Il vient de recevoir des photos récentes des évadés. Quatre hommes sont maintenant à bord du véhicule et - pas de doutes pour le gendarme - c'est Kaplan qui conduit. Las, seul, le gendarme n'ose rien tenter: il a bien raison...

ATTAQUES AU LANCE-GRENADES

Quelques heures plus tôt, dans la nuit de vendredi à samedi, après l'arrestation de Lacroix par des policiers de la 8e division de police de Bruxelles (Laeken), quatre hommes étaient revenus boulevard Bockstael devant le commissariat où Lacroix avait été enfermé après son arrestation.

Trois d'entre eux sont sortis de la Saab qu'ils venaient de voler à un automobiliste. Ils avaient deux pistolets-mitrailleurs et un fusil équipé d'un dispositif lance-grenades Energa. Ils ont «arrosé» la façade du commissariat d'une trentaine de projectiles. Mais ils ont aussi tiré au fusil (et non lancé à la main) deux grenades de type bouncing, fabriquées en Yougoslavie. L'une d'entre elles a explosé, endommageant sérieusement le bureau du commissaire Meura, patron de la 8e division de police; l'autre a fait long feu. Un vrai coup de chance qu'il n'y ait pas eu de blessés.

Comment prendre cette attaque, qui n'a plus aucun rapport avec du banditisme et s'assimile plutôt à du terrorisme? Un geste de revanche, après l'arrestation de Lacroix? Un signe à l'ami repris pour lui dire qu'on viendra le libérer? Un bras d'honneur aux polices? Ou tout cela en même temps?...

L'attaque du commissariat, on s'en doute, a relancé la chasse à l'homme. Vers 4 h 30, une patrouille de gendarmerie repère la Saab de Laeken dans l'avenue de Koekelberg (à Berchem) et la prend en chasse. Pas bien longtemps. La Saab ralentit et deux armes en jaillissent: un pistolet mitrailleur qui tire en rafales sur la GTI... et le lance-grenades. Un coup part: la grenade percute une voiture en stationnement, transperce son pare-brise et explose en dévastant l'intérieur du véhicule. On imagine sans peine la boucherie si la grenade avait atteint la GTI, qui s'est arrêtée net...

LE PLAN D'ÉVASION DE MA ACHE

On a à nouveau perdu la trace des fugitifs, mais l'enquête a considérablement progressé. Gendarmes et policiers - indices et témoignages à l'appui de leur thèse - sont en effet persuadés que les armes de l'évasion ont été introduites à la prison de Saint-Gilles il y a près de deux mois par l'intermédiaire de familiers de Hassan Maâche.

Le 11 avril dernier, Maâche (né à Mers El Kebir, en Algérie, en juillet 1964) allait utiliser ces armes. Mais il a été surpris par des gardiens une fraction de seconde avant de les exhiber (ainsi que des explosifs) pour prendre des gens en otage. Son plan aurait été de rejoindre alors Kaplan (armé lui aussi), Lacroix, et Bajrami pour «faire la belle» avec eux. Les quatre hommes auraient alors rejoint Melloul Khayari et Anthony Kerskens, un autre membre de la bande Maâche, condamné à 16 ans et évadé de Lantin le 25 avril dernier.

Maâche surpris avant de mettre son plan à exécution, Kaplan et les autres auraient donc repris les armes et le plan d'évasion quelques jours plus tard... et le poursuivent peut-être.

Les hommes aux trousses desquels toutes les polices du Royaume sont lancées seraient dès lors Bajrami, Kaplan, Kerskens, Melloul Khayari et quelques «amis» de la «bande Maâche». Ensemble, ils totalisent des condamnations à des peines de prison qui frôlent sans doute la centaine d'années. Redoutable association.

ALAIN GUILLAUME

Éditorial page 2

Articles page 9

ÉVADÉS: DÉBATS ET DÉGATS...

Trois mandats d'arrêt pour Lacroix, les enquêteurs gardent espoir. La Justice, elle, est morose.

Pendant tout le week-end, on n'a cessé d'apercevoir Bajrami, Kaplan et leurs complices aux quatre coins du pays. En se trompant, le plus souvent. Comme dans ce café d'Houffalize que la télé aura rendu célèbre, ou samedi midi rue Cornet de Grez (à Saint-Josse) où les journaux TV se sont gavés d'images à la Starsky et Hutch.

On ne saura jamais qui est passé à Houffalize. Par contre on est certain que l'utilisateur de la Renault 9 et son passager poursuivis à Saint-Josse par une quarantaine de gendarmes et de policiers n'étaient autres que des cambrioleurs connus et recherchés par la justice. Quant au «troisième homme» qui avait fui «dans le mouvement», il s'agissait d'un dealer du quartier piégé par le hasard.

Par contre, samedi, vers une heure du matin à Koekelberg, à trois heures au commissariat de Laeken, et vers midi à Uccle, c'étaient bien les fugitifs et leurs complices qu'on avait vu passer. À Koekelberg, deux hommes s'étaient approchés du conducteur d'une Saab arrêtée au feu rouge à l'entrée de l'avenue Charles Quint. Le conducteur menacé par un inconnu tenant un pistolet avait songé un instant à redémarrer. Puis il avait vu, côté passager, un second truand le menaçant avec une sorte de «mini-mitraillette». Delesté de son véhicule, le chauffeur avait fait du stop pour rentrer chez lui et n'avait pu prévenir la police qu'à 6 heures du matin!

Ce ne sont là que quelques étapes de la cavale des évadés de Saint-Gilles et il y en eut bien d'autres: à Berchem, Zaventem, Anderlecht, Bruxelles, Alost. Les événements importants du week-end se sont sans doute déroulés ailleurs.

Au palais de Justice, d'abord, où le juge Yves De Ruyver a décerné samedi de nouveaux mandats d'arrêt à charge de Philippe Lacroix: pour prise d'otages, vol à l'aide de violences et port d'armes. À la cellule de crise de la gendarmerie et des polices judiciaires où quantité d'informations importantes ont été rassemblées. Entre autres sur les nombreux vols de plaques de voitures réalisés vendredi dernier entre 17 h 30 et minuit à Alost et Erembodegem. Des plaques apposées ensuite sur les véhicules volés par les fugitifs.

Dans les studios de télé, enfin, où les débats sur la justice, les évasions, l'affaire Haemers se sont multipliés. C'est la BRT qui a «ouvert le feu», en interviewant Harry Van Oers, l'inspecteur général des prisons (qui fut otage des évadés pendant 11 heures), et en mettant le ministre de la Justice Melchior Wathelet face à nos consoeurs Liesbeth Van Doorne («Het Volk») et Els Cleemput («Het Belang van Limburg»). Les larmes aux yeux, Harry Van Oers expliqua: Ma vie n'a pendu qu'a un fil pendant quelques heures. Je trouve que cela me donne le droit d'exiger des explications sur ce qui m'a amené à être dans cette situation. La tentative de lynchage qui porte sur un seul homme, le ministre Wathelet, est injuste et scandaleuse. Il y a d'autres responsables à la dégradation des institutions judiciaires et je vais les nommer: le ministre de l'Intérieur, les responsables de l'infrastructure et le ministre des Travaux publics, le ministre du Budget. Tout le gouvernement a une responsabilité collective, et nos parlementaires aussi. Il faut qu'on prenne l'argent où il n'a pas une importance capitale pour la vie humaine et qu'on l'injecte dans la justice.

À eux, mais aussi au bâtonnier Pierre Legros qu'il «affrontait» dans l'émission «Mise au point» de la RTBF, Melchior Wathelet a répondu par un plaidoyer pour la politique qu'il mène depuis cinq ans à la tête de son département. Comme vous, je ne cesse de dire - et je le disais déja comme formateur - que ce gouvernement doit axer sa politique sur les questions de société et de droits humains. (...) L'essentiel est de trouver un juste équilibre entre les droits individuels et les droits de la société (...) Trop habiles, Pierre Legros et Melchior Wathelet ont refusé le combat l'un et l'autre. Délaissant la «pique» (Wathelet: Il y a 100 millions de plus au budget pour les avocats (NDLR: pas seulement les jeunes stagiaires) si nous nous accordons pour réformer les pro deo. Legros: Je ne doute pas que le ministre n'a pas attendu ce procès pour se rendre compte qu'il y a des inégalités sociales dans le pays), ils laissèrent leur débat sombrer lentement dans d'élégants ronds-de-jambes... Comptez sur nous pour vous aider à augmenter votre budget qui n'est que de 1,7 % du budget national, dit en substance le bâtonnier. Je ferai donc appel aux meilleurs plaideurs, conclut le ministre.

C'est finalement de l'émission «Controverse», sur RTL-TVI - où des spécialistes redisaient à Pascal Vrebos l'enfer et la nécessité des prisons - que vint le constat qu'un fossé s'élargit entre citoyens et justice. Plus de 70 % des télespectateurs répondant au «sondage» y estimèrent que la vie en prison n'est pas trop dure et 74 % se dirent défavorables aux libérations conditionnelles. Il reste du travail d'information à faire...

ALAIN GUILLAUME

Il vole une arme aux gendarmes puis il se suicide

Samedi, à 4 h 40, des dizaines de patrouilles de police et de gendarmerie se lancaient aux trousses du quatuor qui venait d'attaquer le commissariat de Laeken. Une de ces patrouilles de gendarmerie (en Golf GTI) se trouvait alors rue Marché-aux-Fromages, à Bruxelles. Sortis de leur véhicule, les gendarmes avaient cependant pris la précaution de fermer les portes.

Revenant à la GTI les gendarmes découvrirent qu'on en avait forcé les portes et qu'on y avait volé une mitraillette Uzi, deux chargeurs et une lampe de poche. Un gendarme remarqua cependant une Taunus Granada qui filait à toute allure et eut le temps de noter trois lettres de sa marque d'immatriculation.

Une vaste enquête se déclenchait alors, menée tambour battant par la Brigade nationale de PJ, la PJ de Bruxelles et la Police d'Anderlecht. On eût tôt fait d'identifier plusieurs voitures «suspectes» et une petite dizaine de véhicules - dont le propriétaire paraissait «plus suspect» que d'autres - furent contrôlés en priorité.

C'est ainsi que la police d'Anderlecht fut dépêchée chez Daniel C. connu de la justice pour vols et condamné avec sursis. Chez lui, on découvrit l'Uzi, les chargeurs et d'autres armes.

Interrogé par le juge Bulthé, il fut placé sous mandat d'arrêt. Dans la nuit, on dut cependant appeler un médecin légiste dans sa cellule où il semblait ne plus se contrôler. Quelques heures après le départ du médecin l'homme était retrouvé mort; il s'était suicidé en se pendant avec sa ceinture.

Une nouvelle enquête devra maintenant préciser les circonstances de ce suicide qui laisse les enquêteurs pantois. Agé d'une quarantaine d'années, Daniel C. aurait normalement dû supporter psychologiquement la perspective d'un enfermement. Que craignait-il? Comment a-t-il pu se suicider après la visite du médecin?

Al. G.

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