Le garde sonne l'hallali dans la forêt d'Ardenne

Le garde sonne l'hallali dans la forêt d'Ardenne Bousculade au palais. Fuite et car-jacking dans les rues de Neufchâteau. La cavale de Dutroux n'aura pas duré quatre heures.

DE MUELENAERE,MICHEL; PETIT,MICHEL

Vendredi 24 avril 1998

Le garde sonne l'hallali dans la forêt d'Ardenne Bousculade au palais. Fuite et car-jacking dans les rues de Neufchâteau. La cavale de Dutroux n'aura pas duré quatre heures.

Il est 19 heures. Un cortège de voitures débouche en trombe du chemin en pierrailles qui s'enfonce dans la forêt de Chiny, dans le village de Saint-Médard, au sud de Neufchâteau. Un break de couleur sombre, serré par deux puissants monospaces et des camionnettes de maîtres-chiens. L'incroyable cavale de Dutroux s'achève sans violence.

Pendant plus de trois heures, le meurtrier présumé de quatre jeunes filles et fillettes aura fait courir des centaines de gendarmes et de policiers, et mobilisé deux hélicoptères. Successivement, on l'a vu à Martelange, à la frontière belgo-luxembourgeoise, puis à Huy, puis dans la forêt d'Anlier... Rumeurs chaque fois démenties. Embourbée dans les bois, le voiture qui a servi à sa fuite a finalement été repérée par un garde forestier. Le fuyard, à pied, ne pouvait aller loin. Il a été reconduit sous bonne garde à Neufchâteau, où il était toujours interrogé, peu avant minuit hier soir.

L'incroyable évasion avait commencé vers 15 heures, au palais de Justice de Neufchâteau. Tous les jours, depuis près d'un mois, Dutroux s'y rend pour étudier l'un de ses dossiers - le «n o 87», relatif aux vols de voitures. Ce dossier pourrait prochainement quitter Neufchâteau pour être confié à un juge d'instruction de Nivelles. Au premier étage du palais, Dutroux consulte les pièces dans un local où se trouvent le cachot, une photocopieuse et une table à la disposition des avocats.

La veille, dans ce même local, Dutroux était apparu détendu. Il avait échangé des plaisanteries avec le juge d'instruction Jean-Marc Connerotte, dont le bureau est attenant. Ça fait longtemps que j'avais envie de vous le dire, a-t-il lancé au juge. Je n'ai jamais voulu votre dessaisissement. En tout cas, il arrange beaucoup de monde... Et il avait ponctué sa remarque d'un éclat de rire.

Quinze heures: Marc Dutroux demande aux gendarmes qui le surveillent à consulter une autre farde. Profitant de la légère confusion, il se lève, bouscule ses gardes, subtilise à l'un d'eux son arme de service, un pistolet GP, sans munition. Dutroux se rue hors de la pièce. Tout va très vite. Il dévale l'escalier principal, sort du palais par la grande porte, cavale dans Neufchâteau, poursuivi par un gendarme. Je vais le flinguer , aurait crié celui-ci.

Arrêtez-le! hurle-t-on dans la rue. A environ deux cents mètres de là, un homme tente de s'interposer devant le moustachu qui cavale en tenue de détenu - baskets, pantalon bleu, chemise bleue barrée d'une bande blanche. Dutroux renverse l'homme. Plus loin, il avise la Renault Mégane grise de Pierrot Georges, un habitant de Neufchâteau. Il le braque, l'oblige à sortir et démarre en direction d'Arlon, avec sur les talons les gendarmes, qui réquisitionnent une camionnette de passage. Mais la Renault disparaît. Et l'incroyable nouvelle se répand: Dutroux s'est évadé.

D'emblée, plusieurs domiciles sont mis sous surveillance, comme la maison du juge Connerotte qui avait orchestré son arrestation. Les gendarmes préviennent aussi les enfants de l'école primaire que fréquente la fille du juge, à Florenville. Près de deux heures s'écoulent. Le signalement du fugitif est diffusé à la radio. Les forces de l'ordre luxembourgeoises, françaises et néerlandaises sont prévenues. Le procureur du Roi Michel Bourlet et le juge d'instruction Jacques Langlois débarquent au palais. Commentaire impuissant du juge: Je n'ai rien à dire, je vais demander des explications.

La chasse à l'homme se développe. Policiers et gendarmes des environs sont mobilisés et convergent vers la région. Des véhicules prennent position sur les ponts de l'autoroute E411 Bruxelles-Luxembourg. A hauteur de Dinant, un barrage filtre le trafic en direction de la capitale. Les routes secondaires ne sont pas bloquées: Nous avons préféré multiplier les patrouilles mobiles, explique un gendarme de Libramont. Un moment, la ville frontalière de Martelange sera cadenassée par les barrages. On avait cru y voir le fugitif. Fausse alerte.

Marc Dutroux n'était finalement pas là où beaucoup l'attendaient. Il ne s'est pas précipité vers le Grand-Duché ni vers la France, mais a tenté de se fondre dans la gigantesque forêt d'Herbeumont, entre Florenville et Neufchâteau.

Vers 16 heures, cependant, un garde-chasse qui patrouillait dans la forêt de Chiny aperçoit un véhicule de couleur grise, embourbé dans un chemin de traverse. C'est la Mégane. L'alerte est donnée. Les gendarmes font route alors vers Saint-Médard et le carrefour de Foulouse. Alors qu'il cherchait à se cacher, Marc Dutroux est interpellé peu après 18 heures par des gendarmes. Il se rend sans résistance.

Il était temps, soupire un des poursuivants avec un sourire crispé. C'était la folie, ici. Et il valait mieux le retrouver au plus vite. Sinon, quel foin!

Dans les petits villages des environs, seuls de lointains échos de la chasse à l'homme sont parvenus. Mais, comme cette vieille paysanne, les habitants ont une idée arrêtée sur le sort à réserver à l'homme de la cavale avortée: Tuez-le si vous le trouvez!

MICHEL DE MUELENAERE

et MICHEL PETIT

Et vers où se dirigeait Dutroux lors de son évasion?

A vérifier :
Mais si j'ai bon souvenir, il est retrouvé pas très loin du domicile du procureur ou dujuge d'instruction.
Il semblait êtrre en attente dans le bois, que "l'orage" se passe.
Je vais essayer de trouver plus d'info sur cette partie de l'affaire.

Je me rappelle que certains enquêteurs pensaient qu'il prenait la direction d'un château pour y trouver refuge. Et pas n'importe lequel. Un château connu pour ses faits de moeurs.

Source venant des journaux ou directement d'enquêteurs ou bruits de couloir ?
Regarde la chronologie ...peut on la remettre en ordre ?

Admin a écrit:Source venant des journaux ou directement d'enquêteurs ou bruits de couloir ?

Souvenir d'avoir lu cela dans la presse. D'où peut-être la nécessité de mettre une carte avec trois points :

Arlon - lieu de la capture - emplacement du château pour voir si cela correspond.

N'hesite pas.
Un détail important, selon moi, c'est que l'on a parlé de l'évasion bien avant qu'elle n'arrive, ainsi que des "excuses".
Hasard ou pas ?