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Benoît Rioux Sur les impacts de l'évasion de Dutroux et la crise de confiance qui mine la politique.

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Benoît Rioux Sur les impacts de l'évasion de Dutroux et la crise de confiance qui mine la politique. Empty Benoît Rioux Sur les impacts de l'évasion de Dutroux et la crise de confiance qui mine la politique.

Message  Admin Mar 23 Sep - 12:54

Benoît Rioux Sur les impacts de l'évasion de Dutroux et la crise de confiance qui mine la politique.

VAES,BENEDICTE

Vendredi 24 avril 1998 Le Soir

Benoît Rioux Sur les impacts de l'évasion de Dutroux et la crise de confiance qui mine la politique.

*Vous avez analysé les suites politiques de l'«affaire Dutroux». Quel sera l'impact politique de ce nouveau dysfonctionnement?

*Majeur dans les annales judiciaires, quasi hallucinant, cet événement aura une forte incidence sur la politique, sur la «mouvance blanche», sur l'attitude de la population à l'égard du système. Sur le plan judiciaire, les responsables des forces de l'ordre devront démontrer, par A + B, que cette évasion était techniquement possible. Car l'opinion de la rue est faite: elle n'imagine pas la possibilité d'une négligence sans «protections».

*Suffira-t-il de deux démissions pour sauver la majorité?

*Toute autre réponse n'aurait pas été reçue par la population. Toutefois, le discrédit ne touche pas seulement la majorité, mais tout le politique. Ce qui vient de se passer approfondit sa déliquescence, sa crise de légitimité. Cela réduit à néant les gestes importants que le gouvernement a posés pour réformer la justice, même s'il a réagi avec un temps de retard.

*La nouvelle affaire Dutroux pourrait-elle amplifier la mouvance blanche et l'influence politique des parents?

*Il faudra analyser si les parents vont se rejoindre, après avoir choisi des voies différentes. Mais le discrédit du politique peut être tel qu'il se retourne contre certains acteurs. Paul Marchal pourrait être considéré comme un politicien en puissance comme les autres. Ce n'est pas le cas des Russo ou de Tiny Mast, qui, engagés aux côtés des Verts, sans entrer véritablement en politique, gardent un discours très radical à l'égard des institutions. Il faudra voir si des gens plus modérés, comme l'ASBL Marc et Corine, vont se radicaliser. Et la mouvance des comités blancs pourrait se remobiliser.

*La crise de confiance n'est-elle due qu'au seul gouvernement?

*Le politique n'a pas osé tenir un discours modeste, impopulaire mais plus réaliste. Dire qu'il faut presque une génération pour réformer la justice, que le gouvernement a peu de marges de manoeuvre socio-économiques. Ce qui a contribué à le décrédibiliser. Et à enfler la demande des gens.

Mais la responsabilité incombe aussi aux citoyens. Le système belge est miné par la perversion du lien entre le politique et le citoyen. L'administration dysfonctionne parce qu'elle est politisée mais aussi parce qu'elle est court-circuitée par les cabinets, les permanences sociales, les demandes illégitimes des «clients».

*Le citoyen n'est pas «blanc»...

*Il ne croit plus aux institutions, mais il contribue à ce qu'elles fonctionnent mal. Le système ne pourrait mieux fonctionner que s'il y avait un changement de mentalités et de pratiques à la fois des mandataires comme de la population. Ce qui n'arrivera pas à court terme.

*Mais c'est arrivé en Italie...

*Oui. Mais là il s'agit d'une rupture complète du système partisan. Ce n'est pas un gouvernement qui a démissionné. Ce sont les partis les plus importants, la Démocratie chrétienne et le PS de Craxi, les «piliers», qui se sont liquéfiés.

*Inimaginable en Belgique?

*Un système politique continue à fonctionner tant qu'il conserve un seuil minimal de légitimité. Il peut s'écrouler, tout à coup, pour un faisceau de raisons. Si Dutroux avait été abattu ou s'il avait provoqué d'autres dommages en vies humaines, l'événement se serait transformé en bombe politique. On pourrait imaginer un scénario à l'italienne si l'affaire Dutroux se téléscopait avec une amplification des scandales politico-financiers. Mais ceux-ci restent confiné au PS, même s'il y a peu de raisons intellectuelles de penser qu'à l'époque, un seul parti a eu ces pratiques. En Italie, la révélation d'«affaires» généralisées a fait exploser le système.

*L'équipe Dehaene a-t-elle encore assez de souffle pour naviguer pendant un an?

*Cela me semble très compromis. En revanche, des ministres qui décident de démissionner, rompant avec les pratiques qui prévalent en Belgique, se refont une image personnelle et contribuent à sauver l'image de la politique.

*Après les affaires Dutroux, ne serait-il pas paradoxal que le gouvernement finisse par tomber sur le communautaire?

*L'évasion de Dutroux pourrait être, elle-même, communautarisée. En Flandre, on pourrait incriminer des incompétences ou des magouilles en Wallonie. Une stratégie un peu machiavélique pourrait être utilisée par des politiques flamands pour tenter de détourner la colère populaire. C'est une fonction bien connue du conflit communautaire.

Propos recueillis par

BÉNÉDICTE VAES

Politologue (UCL), co-auteur de l'«Année blanche»,

et «L'émergence des nouveaux acteurs»

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Date d'inscription : 22/03/2008

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